Another music in a different kitchen… ou comment acheter sa musique autrement

Urban Outfitters © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

En 2014, on peut acheter de la musique dans des coffee shops, des magasins de vêtements et des salons de coiffure. Visite guidée.

Ce n’est un secret pour personne. Le marché du disque a profondément changé ces dernières années. Si les grandes surfaces de la culture morflent solide tandis que de valeureux petits indépendants résistent encore et toujours à l’envahisseur numérique, des tas d’endroits plutôt du genre inhabituels se sont mis à approvisionner leur clientèle. On connaissait déjà Cook&Book, qui associe à Bruxelles petits plats et produits culturels.

Salon de coiffure Louis
Salon de coiffure Louis© DR

Plus original, chez Louis Cardinal, à Mons, on peut acheter des plaques en se faisant couper les cheveux. C’est même le seul endroit, à part au Media Markt, où on peut encore trouver des disques dans la prochaine capitale européenne de la culture… « Tu vas te faire dégager derrière les oreilles et tu reviens chez toi avec un disque de Grizzly Bear ou d’Animal Collective », raconte un de ses clients mélomanes.

« Plutôt que de vendre des produits de coiffure, je vends des disques, sourit Louis Cardinal. Un ami disquaire, devenu couvreur, s’est lancé dans la vente par correspondance à la fermeture de son magasin et il met sa marchandise en dépôt chez moi. Je ne gagne rien là-dessus, mais j’en fais profiter ma clientèle. J’ai peu de choses en stock. Essentiellement des CD. Pour les vinyles, c’est à la demande. « 

Louis est un passeur. Comme les journalistes, les programmateurs radio et certains bloggeurs… Il a eu sa période Warp et Ninja Tune. Pour l’instant, il est branché Californie. Thee Oh Sees, White Fence, Allah-Las… « Beaucoup de crasses sortent de nos jours. Puis, les auditeurs perdent l’oreille à force de se bouffer du compressé. Les gens prennent de moins en moins la peine d’aller chez le disquaire. Ici, ils se rencontrent. Ils se parlent, ils prennent le temps d’écouter. »

Me & my monkey
Me & my monkey© DR

Balades sonores

Noah Melis, le batteur de Bed Rugs, a ouvert Me & My Monkey le 16 septembre dernier à Anvers. Une référence non pas à Robbie Williams mais à une chanson des Beatles: Everybody’s Got Something to Hide Except Me and My Monkey. Dans son petit Coffee Bar, on peut casser la croûte et boire une bière locale. Familiale même. On a aussi l’occasion d’acheter des vinyles.

« J’adore le rock et la pop psychédéliques. Des groupes comme White Fence, White Denim… Et j’avais beaucoup de mal à trouver leurs disques en magasins. Je devais les commander via Discog. Et les payer parfois très chers à cause des frais de port. Plein de gens de mon quartier rencontraient les mêmes problèmes. A Anvers, beaucoup de petits magasins ont fermé. Les Saturn, Media Markt et compagnie leur ont fait mal. »

Noah s’est donc mis en tête de vendre des disques de labels ciblés comme Burger Records et Trouble in Mind. Pas mal de trucs belges également qu’on ne trouve pas à la FNAC. « Nous avions déjà Coffee & Vinyl. Un établissement qui vendait du café à côté des disques. Moi, j’ai switché. J’ai ouvert un coffee-shop dans lequel on propose une sélection pointue d’albums. » 120 environ en stock.

« Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de proposer autre chose que des disques aux gens pour les attirer dans ton magasin. Mais j’aime faire découvrir des groupes. J’ai toujours associé la musique avec le fait de s’asseoir une demi-heure. D’arrêter la vie quelques instants et d’embrasser son environnement. C’est ce que font les gens chez moi. » Dans sa tanière, Noah compte aussi organiser des concerts. « Le premier, ce sera pour le Record Store Day. »

La fabrique balades sonores
La fabrique balades sonores© Christopher Guillou – www.ccgphoto.fr

A Paris, la Fabrique Balades Sonores a ouvert en février 2012, rue Trudaine, dans le IXe arrondissement. Lieu d’exploration, de création, et de rencontres (extra)musicales, elle propose au public de découvrir autrement la scène indépendante. Dans cette boutique pensée comme un salon, les curieux peuvent acheter les disques d’artistes émergents, autoproduits ou non, assister à des showcases et des expos. Mais aussi trouver des livres, des DVD’s, des sérigraphies, des platines, des cactus. Et les vêtements et accessoires de Chicamancha, créatrice et illustratrice qui a forgé son identité visuelle. La chaîne de vêtements Urban Outfitters s’est elle aussi mise à vendre de la musique. Installant des Vinyl Rooms à l’intérieur de ses magasins. « Je pense qu’ils l’ont fait à Anvers, avance Noah. Mais je dois avouer que je n’achète pas mes vêtements neufs. Je les préfère de seconde main. » Old School.

Me & my monkey, 18 Oever, 2000 Anvers

Salon de coiffure Louis, 3 rue de la Couronne, 7000 Mons

La fabrique balades sonores, 1 avenue Trudaine, 75009 Paris

Julien Broquet

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