Will Smith à Ronquières : des tubes (et un Oscar) plein les poches

Will Smith a enchaîné les tubes sur la scène du Ronquières festival © Benoit Bouchez/Ronquières Festival
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mardi soir, la superstar américaine Will Smith était à Ronquières. Revenant à la musique après 20 ans d’absence, il a dégainé un show bon enfant, bourré de tubes. Nostalgique, mais pas vintage.

C’était l’une des affiches surprises de l’été. Au surlendemain d’une 13e édition qui l’a laissé un peu groggy – une fréquentation en baisse, la compta dans le rouge -, le Ronquières festival rallumait les lumières pour accueillir ni plus ni moins que Will Smith. Un petit extra qui a un coût. Mais avec une dizaine de milliers de spectateurs présents – un peu moins que les 12 000 espérés -, les organisateurs devraient s’y retrouver.

Ce n’est de toutes façons pas tous les jours qu’on peut accueillir une superstar américaine, acteur-rappeur-entertainer de premier plan (incliné). Avec la ponctualité des rois, celui-ci débarque sur le coup de 21h30. Un gros son Dolby lance le film. Pardon, le concert. Puisque c’est bien le rappeur qu’accueille Ronquières. Au printemps, celui-ci sortait d’ailleurs Based On A True Story, son premier album en 20 ans. Un disque accueilli, à vrai dire, assez fraîchement. Mais qui a permis à Will Smith de revenir à ses premières amours.

Il démarre d’ailleurs avec Gettin’ Jiggy wit It, et ses « na na na na na na na», tiré de son tout premier album solo, publié en 1997. Un premier tube d’une longue série : juste derrière, il enchaîne avec Miami, dont il rallonge la sauce salsa (picorant même dans le Conga de Gloria Estefan et sa Miami Sound Machine, premier véritable hit latino-pop). Le public, majoritairement quadra-quinqua, jubile.

Old school party

Entouré de danseuses en mode fly-girl – plus short baggy/t-shirt des Mets que tenues moulantes -, Will Smith insiste. Généreux, il ne lésine pas et glisse même un extrait du Jump Around de House of Pain ou le Apache du Sugarhill Gang. Alors que des images des pionniers rap défilent – de Public Enemy à Salt-N-Pepa -, il ressort encore de ses filets son Boom ! Shake The Room. Un titre tiré de son association historique avec le producteur Jazzy Jeff. Auteur du premier double album de l’histoire du hip hop (He’s the DJ, I’m the Rapper, en 1988), le binôme recevra même le premier Grammy consacré au rap. On vous parle d’un temps que les moins de 20 ans n’ont pas connu. Tellement vintage, qu’à l’époque, les rappeurs se « contentaient » encore d’accompagner le DJ – DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Back in the good old days, Will Smith prolonge la séquence nostalgie. Il rallume même la télé pour se brancher sur The Fresh Prince of Bel-Air, la sitcom nineties qui, plus encore que la musique, l’a rendu mondialement célèbre. C’est l’occasion de rechanter le générique. Mais aussi de refaire la danse de Carlton – fameuse au point d’être reprise dans les mouvements de Fortnite. Alors que la voix de Tom Jones entonne It’s Not Unusual, deux spectateurs rejoignent même la star sur scène pour reprendre la choré décalée…

Etoile pâlie

La séquence est cocasse. Mais pas aussi bizarre que celle qui suivra une demi-heure plus tard. Alors que le concert touche presque à sa fin, Will Smith prend le temps de revenir sur un épisode douloureux. « Les dernières années ont été un peu compliquées pour moi », avoue-t-il. Pour cause : en 2022, lors de la cérémonie des Oscars, juste avant d’être couronné meilleur acteur, Smith giflait en direct Chris Rock (après que le comédien, et présentateur de la soirée, ait fait une blague sur sa femme, Jada Pinkett). Scandale et gros barouf : depuis, Will Smith a été banni pour 10 ans de la cérémonie. Et même s’il a remis l’an dernier une pièce dans la franchise Bad Boys (un 4e épisode à nouveau réalisé par les Belges Adil El Arbi et Bilal Fallah), son étoile a pâli.

Alors, mardi soir, à Ronquières, Will Smith a fait acte de contrition. S’assurant d’être bien compris, il demande à l’une de ses danseuses de le traduire. Il parle de honte et de culpabilité. Remercie le public d’être malgré tout toujours là, après toutes ces années. Mais finit quand même par sortir d’un sac en velours noir le fameux Oscar, qu’il brandit fièrement. C’est un peu too much et, quelque part, paradoxal. Surtout, c’est redonner de l’importance à un événement, certes pas anodin, mais dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il a pris un trop d’ampleur. Et dont le public – mais on peut se tromper – semble d’ailleurs avoir déjà oublié les tenants et aboutissants.

Oncle Will

Insistant encore, il embraie alors avec Work Of Art, l’un des trois titres de la setlist tirés de son récent album. Un morceau qui explique « qu’il n’y a pas besoin d’être parfait pour mériter d’être aimé »… Précisément, on préfère Will Smith en entertainer fun et déluré. Par exemple quand il dégaine son Wild Wild West ou, évidemment, Men In Black et son fameux sample de Forget Me Nots. Pour l’occasion, il est même rejoint par une cinquantaine de bénévoles du festival, sapés en costume noir, lunettes noires.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

C’est un peu la cerise sur le gâteau d’une fiesta pop enlevée. Nostalgique certes, avec ses allures hip hop old school, mais qui ne sent pas forcément la naphtaline. Au milieu du set, Will Smith glisse quand même l’un des tubes du moment, Anxiety. « Anxiety, keep on tryin’ me/I feel it quietly/Tryin’ to silence me », chante la rappeuse Doechii. C’est aussi le moment que choisit Will Smith pour évoquer longuement la mémoire de l’acteur James Avery, alias Oncle Phil dans le Prince de Bel-Air. Pour le coup, l’émotion est plus palpable. « C’était comme un père pour moi, et pour toute une génération », glisse Smith (dont le propre père était un homme violent). « Et aujourd’hui, je sens la responsabilité de devenir un peu à mon tour votre oncle Will. » Le tonton drôle et attachant. Parfois un peu embarrassant quand il danse de manière un peu goofy, mais chaleureux et bienveillant. Le rôle qui lui va en effet le mieux.  

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content