YouTube fête ses 20 ans. Retour sur l’histoire d’une plateforme plus populaire que jamais en sept moments clés. Cette semaine, l’exploit d’Inoxtag au sommet de l’Everest, preuve que le Net peut faire aussi bien que la télé. Voire la remplacer?
Il existe, planquées dans les tréfonds de YouTube, parmi les quelque 20 milliards de vidéos postées depuis sa création, des images de Hugo, 7 ans, fier comme un paon d’avoir remporté la partie de minigolf, incontournable des vacances familiales. La séquence avec le fiston date de 2007. Une autre époque. Quasi un autre monde. Celui dans lequel YouTube était déjà énorme, mais encore un peu bordélique et spontanée, abritant pêle-mêle vidéos gag pixellisées, clips piratés, images de chatons, facecams mal éclairés, etc.
Depuis le milieu des années 2010, l’atmosphère a changé, les contenus se sont professionnalisés. Les Youtubers sont nés. En France, ils s’appellent Lena Situations, Squeezie, Cyprien, Tibo InShape, Michou, McFly et Carlito, etc. Cumulant les abonnés, ces jeunes nerds/bloggeurs/gameurs ont quitté leur chambre d’ado pour fouler les prestigieux tapis rouges du festival de Cannes ou du Met Gala, interroger le président de la République, ou rentrer au musée Grévin. Ils ne passent évidemment plus leurs nuits à monter eux-mêmes leurs vidéos, mais sont entourés de larges équipes. En 2022, Squeezie louait par exemple la Défense Arena, la plus grande salle de spectacle de France, pour organiser une gigantesque partie de Où est Charlie?. Selon Libération, la star aux près de 20 millions de fidèles –et aux revenus mensuels pouvant grimper jusqu’à 230.000 euros– a pu compter sur un budget de production de quelque 450.000 euros…
Kaizen a cumulé pas loin de 45 millions de vues. Pas mal pour un (très) long film de 2h26.
Inoxtag, lui, s’est lancé dans un autre genre de défi. Après avoir fait Paris-Roubaix à vélo ou passé une semaine en solitaire sur une île au large du Cambodge, Inès Benazzouz (de son vrai nom) a voulu grimper au sommet de l’Everest. A la clé, le documentaire Kaizen, sorti l’an dernier. Impossible d’être passé à côté: tout le monde en a parlé. Que ce soit pour louer l’exploit ou critiquer l’idée. Aussi bien sur le fond que sur la forme, d’ailleurs. Tandis que les uns soulignaient, par exemple, les valeurs effort et dépassement de soi, les autres dénonçaient le coût écologique de l’opération –a fortiori dans un Everest victime de surfréquentation. Certains ont pu également s’agacer des placements de produits insistants, du ton emphatique, de la musique grandiloquente. Ou encore du paradoxe d’Inoxtag vantant les mérites de la déconnexion, tout en partageant son aventure sur YouTube…
Soit. Au moment d’écrire ces lignes, Kaizen a cumulé pas loin de 45 millions de vues. Pas mal pour un (très) long film de 2h26. Lors de sa sortie, il a également eu droit à une avant-première au cinéma. Et même à une diffusion sur la bonne vieille télé linéaire –sur TF1 en France, Tipik en Belgique. Une manière pour le média de l’ancien monde de mettre un pied dans le nouveau? Ou de scier la branche sur laquelle il est assis, mettant en avant le contenu d’une plateforme qui grignote toujours plus ses audiences? A 20 ans, YouTube aurait ainsi dépassé la télé dans plusieurs pays, chez les 15-49 ans. Jusqu’à la remplacer? Réponse dans 20 ans. D’ici là, comme dirait l’autre, vous pouvez éteindre votre écran et reprendre une activité normale…
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