Pour les fêtes, Focus a dressé sa liste de cadeaux à glisser sous le sapin pour tous les amateurs de musique, littérature, cinéma, bande dessinée et expos.

Terres des hommes
D’Antoine Saint-Exupéry, illustré par Riad Sattouf, Gallimard, 288 p., 26 euros.
Marre de voir Saint-Exupéry réduit à son Petit Prince? Découvrez la riche version illustrée par Riad Sattouf de son recueil d’essais autobiographiques Terre des hommes, parue cet automne dans la prestigieuse collection Blanche de Gallimard. L’écrivain, aviateur et reporter français y partage son expérience de pilote de l’Aéropostale, faite de grandes amitiés, d’héroïsme et d’humanisme. L’auteur de bande dessinée franco-syrien prête pour la première fois à d’autres mots que les siens son style si singulier (ses personnages croqués en quelques traits, toujours en mouvement, et ses grands aplats de noir et de couleurs primaires changeantes en fonction de l’humeur du texte), porté par le souffle poétique et aventurier de l’une de ses idoles de jeunesse.
A.E.

Street Art New York
De Kimberly Kevorkian, Gallimard, 208 p., 35 euros.
New York, années 1960: au fil de ses livraisons, un jeune coursier gréco-américain inscrit «Taki183» sur les parois de la ville, inaugurant malgré lui l’un des gestes fondateurs du graffiti. Street Art New York replace cette émergence au cœur d’une généalogie que Valériane Mondot, historienne de l’art formée à l’EHESS, déroule avec précision dans son introduction. Avec Kimberly Kevorkian, l’autrice retrace comment une pratique marginale, d’abord traquée puis tolérée, s’est imposée comme un langage urbain décisif, désormais constitutif des paysages de Brooklyn et de Manhattan. Porté par un corpus photographique ample et des témoignages situés, l’ouvrage restitue une ville dont les murs racontent à la fois les tensions et l’inventivité qui la traversent.
M.V.

Le Voleur de la reine (tomes 1 et 2)
De Megan Whalen Turner, Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Yoko Lacour, 256 et 288 p. 18,50 euros par tome.
Les éditions Monsieur Toussaint Louverture aiment faire rimer (très) beaux livres, livres de genre, découvertes en français, grandes sagas et lectures addictives. Et ce Voleur de la reine coche toutes les cases. Entamée il y a plus de 25 ans aux Etats-Unis mais encore inconnue chez nous, cette grande saga fantasy se déroulant entre trois royaumes aux accents byzantins eux-mêmes coincés entre deux empires –de quoi imaginer les pires machinations, les plus basses stratégies, les pires guerres et d’infinis retournements d’alliance– se déclinera au total en six tomes publiés sur deux ans. Les deux premiers sont désormais disponibles, et donnent déjà une bonne idée de l’ampleur du projet et de son originalité, chaque tome possédant son regard et son narrateur, loin d’être neutre.
O.V.V.

The Beatles, Anthology 4
Distribué par Universal. 27 euros la version double CD.
En aura-t-on jamais fini avec les Beatles? Cinquante-cinq ans après leur séparation, la machine à réédition continue de tourner. Alors que la série documentaire The Beatles Anthology a eu droit à une restauration et un neuvième épisode (sur Disney +), la compilation musicale du même nom propose un quatrième volet inédit. Pas de grande révélation sur The Anthology 4: la toute grande majorité du matériel proposé l’avait déjà été ailleurs, dans les différentes éditions Deluxe des albums. Le remastering permet toutefois de tendre une nouvelle oreille à des chansons comme Free as a Bird, le «dernier» titre officiel des Beatles, publié en 1995, sur base d’une démo de John Lennon.
L.H.

Cartes cadeaux de LaCinetek
Cartes cadeaux à 10, 20 ou 50 euros, abonnement à partir de 4,99 euros/mois, film à l’unité à partir de 2,99 euros.
Comment faire quand on veut (re)découvrir légalement Les Enfants du paradis de Marcel Carné, To Be or Not to Be d’Ernst Lubitsch, ou La Leçon de piano de Jane Campion? LaCinetek, qui fête cette année son dixième anniversaire, vient combler le manque de films classiques sur les plateformes de streaming ou de vidéo à la demande. Fondée par des cinéastes, LaCinetek a pour particularité de mettre à la une la cinémathèque idéale de réalisateurs et réalisatrices du monde entier, invités à dresser des listes de 50 films, dont certains sont accessibles sur le site, en plus d’un fonds permanent sans cesse élargi. Un moyen ludique de revisiter l’histoire du cinéma en bonne compagnie, en picorant des films à l’unité, ou en s’abonnant.
A.E.

Moriyama: Quartet
De Marl Holborn, Thames & Hudson, 440 p., 85 euros.
Somme magnétique (en anglais), Quartet revient sur les débuts de Daido Moriyama (1938) en éclairant, grâce au travail de Mark Holborn, la manière dont le regard de l’auteur des Mémoires d’un chien s’est formé à l’image dans un Japon passant des ombres d’après-guerre aux lumières de Shinjuku. Moriyama invente une photographie de la déambulation, attentive aux secousses du réel plus qu’à sa description littérale. Les textes de jeunesse du photographe révèlent aussi cette tension originelle: un besoin impérieux d’affronter la rue, ses marges, ses figures vacillantes, pour y forger un langage visuel aussi inédit que percutant. Le coffret compose une histoire latérale du pays du Soleil-Levant, qui trouve naturellement sa place dans la bibliothèque de l’honnête homme d’aujourd’hui.
M.V.

Gotlib, une vie en bandessinées
De Julien Solé et Arnaud Le Gouëfflec, Fluide glacial. 88 p., 19,90 euros.
Raconter en bande dessinée un des meilleurs raconteurs en bande dessinée tenait vraiment du défi, surtout quand on connaît l’humour, la virtuosité et l’humilité de la personne concernée: Gotlib, créateur de Gai-Luron, d’Hamster Jovial, de Superdupont ou du magazine Fluide glacial, disparu il y a neuf ans et demi-dieu pour des générations d’auteurs français. Défi fou donc, mais relevé: le dessinateur Julien Solé –par ailleurs fils de Solé, compagnon d’armes de Gotlib– s’avère parfait pour mettre en dessins parfois foufous cette biographie souvent poétique, et cette vie pleine de drôlerie mais aussi de tragédies, entre déportation du père et mort du fils. Une «bio-graphique» à la hauteur de son sujet, aussi poilante qu’émouvante.
O.V.V.

museumPASSmusées
64,95 euros.
C’est un classique à glisser sous le sapin… mais il fait toujours son petit effet: le museumPASSmusées décapsule plus de 270 musées belges, en ce compris les expositions temporaires à la programmation mouvante. Pour une somme raisonnable (le calcul est vite fait), on circule librement entre Bruxelles, la Flandre et la Wallonie, avec un accès simplifié aux grands rendez-vous. Ce must have, dématérialisé qui plus est, se justifie pleinement, ne serait-ce que pour découvrir Magritte. La ligne de vie, remarquable proposition à découvrir au KMSKA jusqu’au 22 février prochain. Le pass s’active en ligne ou lors de la première visite et offre douze mois de découvertes au rythme du calendrier. Un cadeau simple et durable ayant pour vertu de nourrir l’imaginaire tout au long de l’année.
M.V.

Lézards rêveurs
De Jean Giraud Moebius, Moebius Production, 244 p., 30 euros.
Le petit carnet qu’on peut glisser dans une poche ou dans son sac est un classique pour tous les dessinateurs. Ils y crobardent les idées qui leur viennent, des images prises sur le vif, des débuts de récits, des recherches graphiques, des dessins d’observation… Un peu de tout sans queue ni tête, sauf quand tout ça sort justement de la tête et de la main d’un des plus impressionants créateurs de l’histoire de la bande dessinée. Lézards rêveurs réunit ainsi deux carnets personnels de Jean Giraud aka Moebius, que le dessinateur de Blueberry et de L’Incal a tenu trois ans durant, de 1996 à 1999. Et tout y est beau! Des rêveries graphiques, parfois très abouties et parfois en couleur, indispensables aux fans.
O.V.V.

Here Comes the Drums
De Real Muzul & Da Cockroach, Marabout, 240 p., 35 euros.
La musique n’est pas qu’une question d’inspiration, elle est aussi bien souvent une affaire de technologie. Sans électricité, pas de rock. Sans la Roland TR-808, pas de musique techno. Dans Here Comes the Drums, Real Muzul, journaliste bien connu des amateurs de cultures soul-funk-hip-hop, et le beatmaker Da Cockroach se penchent sur les machines qui ont dessiné les paysages sonores du rap, de la fameuse Linndrum au logiciel Cubase d’Atari en passant par le sampleur Akai S950. Pas besoin d’être un geek pour plonger dans un ouvrage certes hyperdocumenté, mais bourré d’exemples concrets et d’interviews, à la fois de beatmakers et de rappeurs.
L.H.
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