
Acteurs, réalisateurs: dans le cinéma, tous des crapules!
S’il n’y a pas de recette toute faite pour se faire aimer, il y en a d’autres pour faire parler de soi. Dix commandements pour réussir à Hollywood droit dans ses bottes.
Kevin Dochain, avec Jean-François Pluijgers
Lors d’une récente interview au MacWorld de San Francisco, Kevin Smith étalait ses rapports désastreux avec Bruce Willis sur le tournage de Top Cops. Le réalisateur, également connu pour son caractère provocateur, n’y va pas avec le dos de la cuiller au sujet du John McLane de Die Hard: « Il est ingérable, refuse de se laisser diriger, et n’est juste bon qu’à écouter ses propres suggestions. » Bien sûr, quand on est un des acteurs les plus rentables d’Hollywood, on a de quoi se la péter grave: « Tu ne peux pas essayer de m’apprendre à jouer comme Bruce Willis: je suis Bruce Willis », balançait-il sur le plateau. Et vlan!
Être une star, ça veut aussi dire travailler avec toute une équipe d’incapables qui se chargent de tout ce qu’on ne veut pas faire mais le font… mal, bien sûr. C’est en tout cas ce dont est persuadé Christian Bale, connu pour ses engueulades avec le personnel technique sur les tournages. Sur le set de Terminator Renaissance, un petit malin a enregistré une des crises de l’acteur britannique, qui a été maintes fois repris et parodié sur la toile. Un régal.
Les tournages exténuants sont légion, plus rares sont ceux qui capotent complètement. L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot est le parfait exemple de pétage de plombs en bonne et due forme. Tout s’accumule pour semer une mauvaise ambiance: décès de la mère de du réalisateur, maladies, mauvaises conditions climatiques… Clouzot n’en peut plus et Serge Reggiani en pâtit, forcé à faire des tours du lac par le réalisateur fou. Reggiani quitte le tournage –officiellement pour cause de fièvre, officieusement pour dépression– et le film est avorté. Quarante-cinq ans plus tard, Serge Bromberg et la veuve de Clouzot montent un documentaire sur le tournage, mythique, où seule Romy Schneider sort du lot et brille comme jamais.
Des histoires d’amour-haine durant les tournages, il n’y en a sans doute pas plus intense que celle entre Klaus Kinski et Werner Herzog, documentée dans Ennemis intimes. D’un côté, on a un Kinski parfaitement lunatique et ingérable voyant en le réalisateur l’opportunité de gravir les échelons du cinéma; de l’autre on a un Herzog qui est persuadé de travailler avec un des plus grands acteurs de tous les temps et est prêt à sacrifier beaucoup. Sur le tournage d’Aguirre, la colère de Dieu (1972), la tension est énorme: ambiance infecte, menaces de quitter le tournage, et surtout, tentatives d’assassinat l’un sur l’autre par le biais des figurants indiens sur le tournage.
On peut être le pire des salauds, ça n’empêche avoir de l’humour. Robert Mitchum, à qui on rendait hommage au festival du film de Deauville de 1989, s’affichait systématiquement derrière une énorme paire de lunettes de soleil. Entre deux projections, un photographe maladroit hèle l’acteur de River of No Return et lui demande d’ôter ses lunettes « mouche » pour qu’on voie son visage. Réponse de Mitchum: « J’enlèverai mes lunettes quand vous aurez enlevé votre pantalon. » Dont acte.
Face aux journalistes, il faut instaurer un code. Montrer que c’est nous la star et que leurs questions, c’est de la merde. John Goodman semble en être persuadé. En interview, le meilleur ami du Duke du Big Lebowski fait régulièrement s’installer les journalistes en rang, façon salle de classe, alors qu’il trône sur un sofa double dont il occupe toute la largeur. Il en impose et fixe les règles dès le départ: pas de dérapage ou on t’en colle une!
Il y a des fois où ça ne passe tout simplement pas. Pour notre critique cinéma, Jean-François Pluijgers, Mel Gibson est vainqueur toutes catégories confondues des acteurs infects. « Je l’ai rencontré pour la promotion de Braveheart, c’est mon pire souvenir d’interview. En arrivant, j’ai été accueilli par un renvoi. Et pendant l’interview, il lappait son café. » Si ça peut suffire à détruire un mythe, ça fait au moins des anecdotes croustillantes à raconter!
Si l’acteur peut faire son crâneur, le journaliste en face peut aussi être tenté de prendre le dessus pendant son interview. Pour de la promo de Superbad, teenage movie comme on en a vu beaucoup, le réalisateur Edgar Wright en profite et monte une fausse interview où il traîte l’acteur principal, Jonah Hill, de wannabe dont la carrière sera finie quelques semaines plus tard. Si le principe et quelques répliques sont tordants en soi, le sketch aurait pu devenir mythique s’il ne flairait pas le bidon après quelques minutes.
Le délit de faciès n’est pas qu’un mythe. Il y en a des comme ça, on se doute d’avance qu’ils ne seront pas sympas. Tommy Lee Jones est notamment connu pour demander explicitement sur ses tournages que les figurants ne lui adressent pas la parole, pas même un « bonjour ». Et son caractère de cochon, il l’emporte également en public. Les forums Internet fourmillent d’anecdotes où les compliments sont retournés par des insultes bêtes et méchantes: « Je suis fan de vous! –Fuck off! » En interview, c’est du pareil au même, quand une question ne lui plait pas, c’est le journaliste qui vole à la porte. Point barre. Sacré Fugitif!
La célébrité facilite-t-elle un certain penchant pour la boisson? Les exemples sont nombreux mais un des plus notables est sans doute celui de Peter O’Toole, l’homme sous la djellaba de Lawrence d’Arabie. Devenu un dieu de l’écran, O’Toole attrape un goût prononcé pour les belles voitures, les grandes maisons et… le whisky. Sur les tournages, l’acteur irlandais devient régulièrement imbuvable. Il arpente également les bars, où il provoque bagarre sur bagarre au grand bonheur de la presse à scandale.
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