AB et Bota, comme une odeur de rentrée… (1/2)

© Belga/Dirk Waem
FocusVif.be Rédaction en ligne

Alors que la saison des festivals se clôture, les deux emblématiques salles de la Capitale s’attèlent à remplir leur agenda automnal. Rencontre avec leurs programmateurs. C’est Kurt Overbergh de l’Ancienne Belgique qui s’y colle en premier.

On parle de rentrée télé, cinéma, etc. Et pour une salle de concerts, quelle importance à cette rentrée?

Après une période de festivals d’été durant laquelle ça ne sert à rien d’organiser des concerts « classiques », c’est extrêmement important! Et surtout d’avoir une ligne artistique forte…

Justement, Nickelback ouvre les festivités (6/09), puis au tour de Perfume Genius (11/09). Sacré grand écart. Elle se situe où cette ligne artistique?

Il faut savoir qu’on loue la salle à d’autres programmateurs; c’est le cas pour Nickelback qui n’est pas un groupe qu’on aurait nécessairement choisi. Sinon, pour le reste, c’est l’ouverture d’esprit avec l’envie de collecter le top de l’indie.

Et comment se remplit l’agenda? En écumant les festivals?

C’est trop tard si on fait ça en été! Certes on assiste à beaucoup de festivals avec toute l’équipe mais tous les groupes sont déjà bookés au printemps, voire plus tôt (de 6 à 8 mois à l’avance). Tout ça parce que le système a évolué. Avec la crise du disque, les artistes cherchent à tourner en live le plus vite possible et il faut bien anticiper son coup. En ce qui concerne les recherches, nous sommes cinq programmateurs, chacun spécialisé dans son domaine: trois principaux, une pour les groupes néerlandophones et un dernier pour l’éducatif.

L’éducatif?

Les Classic Album Listening Sessions ou les sessions acoustiques dans notre « living room » Huis 23. Depuis janvier, on a ouvert cette nouvelle petite salle. Maintenant on la développe plus officiellement. On y prévoit des interviews et des rencontres avec des auteurs de livres sur la musique, notamment.

D’où est né le projet?

Ça, c’est le rôle du programmateur. Il doit créer de la nouveauté à côté de sa programmation classique. Son travail peut s’articuler autour de quelques points. D’abord, réagir très vite. Mais pour cela, il faut prospecter, beaucoup. C’est pourquoi toute l’équipe va dans des festivals aux quatre coins de la planète, au SXSW (Texas) ou à l’Eurosonic (Finlande), par exemple. Il faut aussi parler, communiquer avec les artistes. Si on a Dirty Projectors cet automne, c’est grâce à une discussion avec leur bassiste Nat Baldwin qui est venu en concert chez nous cette année. Et puis, s’engager avec les groupes, investir sur eux dans le plus long terme. Comme on l’a fait avec Grizzly Bear (4/11) et, plus récemment, avec Alabama Shakes (9/11). Peu importe les risques…

Sinon, quelle relation avez-vous avec les différentes salles bruxelloises, le Botanique plus particulièrement?

Pour être honnête, au tout début de ma carrière, je voulais vraiment nous démarquer du reste. Mais j’ai vite compris qu’il faut travailler ensemble, histoire de valoriser la scène culturelle à Bruxelles. D’où des événements comme l’AB/Bota et Autumn Falls. Ça sert à rien de surenchérir, autant utiliser notre argent intelligemment.

Au niveau du contenu-même de la programmation de cette rentrée, s’il faut choisir trois fiertés, lesquelles?

Oula, c’est difficile de choisir… Assurément, Alt-J (6/11)! Parce que c’est un des meilleurs albums de l’année et que ça me rappelle un peu les débuts de TV on the Radio. Et ils ont tenu à maintenir un show intimiste dans le Club malgré la forte demande, j’aime ça. En deuxième place, mon coup de coeur est pour Dirty Projectors (20/10). Niveau pop indie, c’est unique, avec des influences africaines. Et si je dois prendre un troisième… (il réfléchit et hésite) Je dirais Perfume Genius (11/09). Son album m’a touché comme l’avait fait I Am a Bird Now de Antony & the Johnsons, chose qui est assez rare.

Et une déception, une opportunité manquée?

Animal Collective… On a eu une date mais suite à un report de la tournée, c’est devenu impossible. Du coup, ils vont à Anvers… Je suis déçu parce que j’y avais mis de l’énergie. Sinon, aussi pour une question de disponibilités, T.E.E.D, Friends ou encore Chromatics. Ce que le public voit finalement sur scène, c’est seulement la partie immergée de l’iceberg. Il y a encore quatre ou cinq grands noms qui devraient être confirmés mais je ne préfère rien dire pour l’instant…

Donc, on arrête jamais quand on est programmateur…

Non. Maintenant, il faut s’atteler à trouver des premières parties. En favorisant les groupes belges. Et on va accentuer la collaboration avec les autres acteurs culturels. Comme avec le Bozar pour le concert de Efterklang avec un orchestre symphonique (8/11)…

Et pour finir, avec un nez aussi bien entrainé, où flairer le buzz pour les mois à venir?

Alt-J va être un très grand groupe, je pense. Clock Opera aussi (9/10). Et puis, Purity Ring (7/11) va faire quelque chose d’intrigant. Ou des trucs plus risqués et expérimentaux comme How to Dress Well (19/10) et Shackleton (15/11)…

Kevin Plasman (stg)

La deuxième partie de ce papier sera mis en ligne la semaine prochaine. Elle sera consacrée à Paul-Henri Wauters, programmateur du Botanique.

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