Critique

[À la télé ce soir] La Route des Indes

La Route des Indes (A Passage to India), de David Lean © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Dernier film de David Lean, A Passage to India mettait fin à un silence de quatorze ans, consécutif à l’échec de Ryan’s Daughter.

Adaptant le roman éponyme de E.M. Forster, le cinéaste britannique s’aventure dans l’Inde des années 20, sur les pas d’Adela Quested (Judy Davis), une Anglaise partie rejoindre son fiancé, juge dans la petite ville de Chandrapore, en compagnie de la mère de ce dernier. Le voyage tient lieu de révélation pour la jeune femme, dont l’inconfort face à la discrimination imposée par les colons aux autochtones le dispute au trouble éprouvé à la découverte de l’inconnu -sentiment qui culminera lors d’une excursion aux funestes conséquences en compagnie d’un médecin indien, le Dr Aziz (Victor Banerjee).

Leurs destins, et ceux de quelques autres, Lean les mesure à l’Histoire de l’Inde coloniale dans l’une de ces fresques de grande ampleur dont il avait le secret. Si le cinéaste fait preuve d’une conscience politique critique, il s’attache surtout à l’odyssée romanesque de ses personnages, en un mariage heureux de l’intime et du majestueux. Comme toujours chez le réalisateur de Lawrence of Arabia, la perspective s’enrichit d’envolées lyriques irrésistibles -l’éveil à la sensualité d’Adela s’enfonçant à vélo dans les herbes hautes est un moment magique, que la partition, délicatement romantique, de Maurice Jarre porte à incandescence. On y succombe sans sourciller, comme à un film admirable à bien des égards, jusque dans sa façon de préserver son mystère.

DRAME DE DAVID LEAN. AVEC JUDY DAVIS, VICTOR BANERJEE, PEGGY ASHCROFT. 1984. 2H37. ****(*)

Ce lundi 14 août à 20h55 sur Arte.

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