Critique

[à la télé ce soir] Jacques Audiard, le cinéma à coeur

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

En seulement huit longs métrages, Audiard est parvenu à s’imposer comme un auteur majeur du 7e art français.

« Jusqu’à 40 ans, je suis un autiste et mélancolique vaguement suicidaire« , dit-il de lui-même. Fils de Michel, scénariste et dialoguiste culte qui se cache derrière les plus grandes comédies françaises des années 50 à 80, Jacques Audiard a connu des débuts non seulement tardifs mais aussi compliqués avec la mise en scène. « La nuit, à 3 heures du matin, j’appelais ma femme et je lui disais: « Viens me chercher. Je peux plus les voir! »« , commente le Parisien quant au tournage de son premier film. Regarde les hommes tomber est en rupture avec le jeune cinéma d’auteur de l’époque. Mais en seulement huit longs métrages, Audiard est parvenu à s’imposer comme un auteur majeur du 7e art français.

Le cinéma de Jacques Audiard, c’est la solitude, la violence âpre… Un monde où il faut apprendre à survivre, tout droit sorti des ténèbres de l’enfance. « Il n’a pas une immense confiance dans la bonté et l’intelligence de l’homme« , déclare un de ses amis. « On peut tout dire de Jacques sauf sympa, embraie le comédien Niels Arestrup. Il est pas sympa du tout. Il est comme il est. En demande de dépassement. »

Pierre-Henri Gibert s’était déjà penché sur les cas d’Henri-Georges Clouzot, de Louis Malle, de Guillaume Depardieu, de Robert Bresson ou encore de Claude Chabrol, qu’il a accompagné sur ses quatre derniers films. Il tire cette fois le portrait d’un réalisateur taciturne et pas très sociable. Un type qui se destinait à l’enseignement avant de se mettre à l’écriture de scénario (Réveillon chez Bob, Le Professionnel, Sac de noeuds…) et a co-signé avec son père celui de Mortelle randonnée, cruel écho à la mort de son propre frère. À l’image de ses films quelque part (Sur mes lèvres, Un héros très discret, Un prophète, Dheepan…), Jacques Audiard le cinéma à coeur raconte l’apprentissage par un personnage inadapté d’une relation plus équilibrée avec ce qui l’entoure. Producteur, compositeur, scénariste, acteurs, amis d’enfance… D’Emmanuelle Devos à Tahar Rahim en passant par les frères Dardenne, tous disent ce qu’ils savent et pensent de ce cinéaste multiprimé et de cet homme discret qui a clippé Bashung (La Nuit je mens) et Noir Désir (Comme elle vient). De ce sexagénaire timide et tourmenté à la vocation contrariée qui a renouvelé le cinéma français. Des extraits de ses films et des images d’archives dans lesquelles il s’exprime rythment ce docu qui prolonge la diffusion de De rouille et d’os (20h55) en attendant la sortie de son nouveau long métrage, Les Olympiades, écrit avec Céline Sciamma et Léa Mysius.

Documentaire de Pierre-Henri Gibert. ****

Dimanche 23/05, 22h55, Arte.

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