À la télé ce soir : Alain Resnais, le timide excentrique
Alain Resnais, l’audacieux
C’est l’histoire d’un cinéaste excentrique et déroutant à la timidité déconcertante. D’un mec toujours plein d’idées, plein de projets. D’un génial inventeur de formes qui a laissé une trace indélébile dans le 7e art à l’ombre de la Nouvelle Vague. Né le 3 juin 1922 à Vannes, Alain était promis à une carrière de pharmacien. C’est ce qu’on faisait de père en fils chez les Resnais. Mais c’est sur les plateaux et dans l’obscurité des studios qu’il a effectué ses expériences de laborantin. “Le cinéma était mal vu dans ma famille. Il n’était pas sérieux et il faisait même beaucoup de mal à la France. Parce que les gens perdaient leur temps en allant au cinéma.”
Oui mais voilà… Asthmatique, retiré de l’école à 9 ans, Alain est un grand lecteur et rêveur. Un hypersensible, un hyperdiscret qui se nourrit de comics et de romans d’aventure. Alain veut devenir acteur mais, angoissé chronique, il joue les apprentis monteurs. L’un de ses premiers courts métrages, Van Gogh, lui vaut un Oscar.
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Émulation artistique et poétique avec Chris Marker, mise en forme élégante et inventive des pires dévoiements du siècle: Resnais a fait le choix de l’épanouissement et de la connaissance dans un monde dépressif. C’est la fantaisie qui se heurte à la réalité d’une société aberrante et injuste. Pierre-Henri Gibert, à qui l’on devait déjà notamment des documentaires sur Jacques Audiard, Volker Schlöndorff, Luis Buñuel et Louis Malle, relit son parcours à travers des archives personnelles (collections de photos, carnets, correspondances de travail…) pour beaucoup inédites. Agnès Jaoui, Catherine et Alain Robbe-Grillet, André Dussollier, Joachim Trier, Bruno Podalydès, Claude Rich ou encore Pierre Arditi partagent leurs souvenirs. Ils racontent le narcoleptique qui buvait beaucoup de café, les scénarios qu’il demandait enregistrés scène par scène sur cassettes et qu’il écoutait dans le noir. Son rapport aux comédiens. Sa manière unique de mélanger l’espace et le temps. Ils brossent le portrait d’un génie qui a toujours fait face à l’hostilité avant d’être reconnu (n’est-ce pas leur propre?). Qui a vécu grâce à la solidarité de quelques amis lors de ses traversées du désert. Les leçons de Visconti, Clément et Becker; L’Année dernière à Marienbad, objet de mode et intense controverse; On connaît la chanson, son plus grand succès… Un regard aiguisé sur une vie et une carrière, depuis ses documentaires engagés jusqu’à ses variations théâtrales.
Documentaire de Pierre-Henri Gibert. Ce lundi 12 septembre à 22h50 sur Arte.
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