Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.35 FRANCE 2

DE NINA COMPANEEZ. AVEC MICHA LESCOT, DIDIER SANDRE, VALENTINE VARELA.

L’étendue de la tâche n’a manifestement pas effrayé Nina Companeez qui, avec Josée Dayan, est probablement l’une des plus grandes figures féminines de la fiction télévisuelle française. Le chef-d’£uvre de Proust, pierre angulaire de la littérature hexagonale, avait pourtant eu raison des immenses Luchino Visconti et Joseph Losey, lesquels, submergés par le projet, n’étaient pas parvenus à faire aboutir leur adaptation de cet ensemble romanesque. Un ensemble qui, avouons-le avec un brin d’humilité et bien plus d’embarras, n’a pas encore quitté les recoins poussiéreux de notre bibliothèque. La honte! Sans avoir lu Proust dans le texte, difficile d’estimer à quel point l’adaptation de Nina Companeez se révèle fidèle. Vierges d’étalon de comparaison, risquons-nous, néanmoins, à voir dans ce téléfilm une formidable ode à la réputation, très probablement erronée, d’ A la recherche du temps perdu: celle, pour les profanes aux lacunes culturelles béantes dans notre genre, d’un ensemble romanesque d’un sulfureux ennui. Disons, pour user d’un euphémisme absolu, qu’il faut s’accrocher. S’accrocher avec des spikes de sprinter et des crampons d’alpiniste. Interminable, long comme un jour sans eau, le film ne manque pourtant ni d’ambition, ni de qualités. Les comédiens, que le générique présente en pleine préparation de leur rôle -en mettant en scène les coulisses de son essai, Companeez entend ainsi prendre de la distance par rapport à Proust-, sont en majorité justes, voire carrément habités. Mais tout est propre, bien articulé, finalement très théâtral.

Somnolente

Le narrateur, interprété par un jeune talent des planches (Micha Lescot), donne un ton totalement original au projet: omniprésente, sa voix off, très curieusement calquée sur le son nasillard de Philippe Katerine, résonne comme une petite musique parfaitement somnolente, même si elle rend le verbe de l’écrivain avec gourmandise et précision. Au final, les souvenirs amoureux de ce narrateur, présentés au travers des différents tomes de ce roman fleuve -Volker Schlöndorff s’était borné à adapter Un amour de Swan, tandis que Raoul Ruiz s’était attaqué au Temps retrouvé-, nous ont donc semblé bien trop académiques pour se révéler captivants.

GUY VERSTRAETEN

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