907 fois Camille

Julien Dufresne-Lamy a une amie. Elle s’appelle Camille. Une amitié comme il en existe tant d’autres à cela près que Camille a un père un peu particulier. Cette figure qui l’ombrage depuis sa naissance, c’est Dodo la Saumure, proxénète passé sous les projecteurs lorsqu’éclate l’affaire du Carlton de Lille impliquant DSK. Alors l’ami Julien, quand il apprend ça, a la tête pleine de questions: qu’est-ce que ça fait d’être la fille de Dominique Alderweireld? Au fil de leurs discussions et des souvenirs -précis ou pas, le romancier creuse quand la mémoire coince-, se reconstruit l’existence de la sympathique trentenaire qui saisit enfin, heureuse en couple et jeune maman, ce que la figure d’un père exige, soit ce qu’elle n’a jamais reçu. La relation entre Camille et Dodo est inédite, l’histoire universelle. Évitant le glauque et l’impudeur, l’auteur cherche à comprendre comment se construit une femme quand on est fille d’un homme qui n’a considéré l’autre sexe que comme une raison commerciale, voire une marchandise. Du récit fragmenté, Dufresne-Lamy ( Jolis jolis monstres) en décortique les événements, en analyse le vocabulaire et l’attitude de son interlocutrice. Il double sa narration d’une profonde réflexion sur l’acte d’écriture, davantage périlleux quand il se nourrit du réel. De cette thérapie partagée entre elle et lui, une réponse jaillit:  » Il n’y a en littérature aucune justification à tenir. L’auteur peut tout. Il le doit. Contre le dogmatisme et la coercition, c’est sa seule obligation. » Une expérience littéraire saisissante par son altruisme, son exigence et sa sensibilité.

De Julien Dufresne-Lamy, éditions Plon, 336 pages.

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