10 000 km

 » Je donne des coups de poing dans le vide et je me bats la poitrine comme si j’étais au bord de la Naches -je réveille ma chair. Je profite d’être seul pour crier le plus fort possible, pour faire sortir toute la laideur au fond de moi. Je crie pour rendre mon discours physique, pour donner du muscle à mes mots et pour trouver la force nécessaire de dire les choses que je n’ai jamais réussi à formuler. (…) Je veux apprendre à embrasser mon passé, l’endroit d’où je viens, et à m’aimer à nouveau. » Noé Alvarez, fils d’ouvriers mexicains qui a rapidement décroché de l’université américaine où il a été admis -trop d’incompréhension- court sur la terre de ses ancêtres. Un ultra-trail de malade, qui part du Canada pour atteindre, 10 000 kilomètres plus loin, le canal de Panama, et ainsi réunir l’Aigle et le Condor, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Une course éminemment spirituelle, puisque organisée dans le cadre des « Peace and Dignity Journeys », une organisation autochtone des Premières Nations, engagée dans la préservation de la culture amérindienne. Une odyssée -c’est bien le mot- qui mêle pieds en sang, genoux en lambeaux et prières rituelles pour se reconnecter avec un passé et une identité dont la plupart, comme Noé, ont eu honte. Des grandes forêts américaines au pays des Zapatistes en passant par les territoires apaches, les filières de migrants ou le mythe originel des Aztèques, Noé court et raconte magnifiquement cette renaissance:  » Pour moi, le langage des PDJ est dans nos pieds. Comme la langue, la course nous crée et nous rend responsables du monde qui nous entoure. »

De Noé Alvarez, éditions Marchialy, traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles Bonnot, 340 pages.

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