Vinyl, dans les coulisses survoltées de l’industrie du disque

Bobby Cannavale dans Vinyl de Martin Scorsese, Mick Jagger et Terrence Winter. © HBO
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Putes, cocaïne et rock’n’roll. Violence, magouilles et règlements de comptes. Scorsese et Jagger tirent le portrait d’un label et de son patron dans le New York des années 70. Électrisant.

Parti chercher de la coke dans une ruelle glauque et malfamée de New York, un type arrache son rétroviseur pour se faire une latte de blanche alors qu’une bande de jeunes en furie déboule et piétine sa bagnole en direction d’un club voisin. Leur emboîtant le pas dans un bâtiment délabré au beau milieu d’une faune interlope, droguée et décadente, il tombe nez à nez avec un groupe de punks déguisés en femmes. Flamboyants, les New York Dolls crachent Personality Crisis à tout berzingue. La foule tremble et le plafond aussi.

Gigantesque scène d’ouverture que celle de Vinyl. Nouvelle série HBO contant l’histoire de Richie Finestra et de sa maison de disques American Century. Richie se promène en Jaguar dans les rues dangereuses et délabrées d’un Big Apple pré-Giuliani. Se prend la tête avec Robert Plant, le chanteur de Led Zeppelin. Et deale avec des gamins qui veulent percer comme des stars cinglées prêtes à l’étrangler.

Autour de lui gravite une bande de collaborateurs hauts en couleur. Il y a son responsable promo, Zack, qui paie les passages en radio avec des liasses et un peu de coco. Skip, qui fait disparaître des disques dans le port et transforme les pertes en profits… Ou encore la jolie Jamie, madame Sandwich qui s’approvisionne en came en échangeant des sacs à dos dans le métro new-yorkais. Alors que le label se casse la gueule et est en passe d’être vendu à une firme allemande, son deal avec Led Zep capote. Surnommé American Cemetery par la concurrence, un cimetière où viennent s’éteindre les stars qui ne sont plus dans le coup, le label doit dégotter de nouveaux talents. On est en 1973. Le punk, le disco et le hip hop émergent. Ringardisant le rock’n’roll.

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Série déclinée en dix épisodes, Vinyl est au départ le projet de Martin Scorsese et de Mick Jagger qui lui avait soufflé l’idée, en 1996, d’un film de trois heures balayant 40 ans d’histoire dans l’industrie musicale. Les deux légendes ont finalement partagé leurs souvenirs d’un New York malfamé et débauché pour en confier l’écriture à Terrence Winter (scénariste du Loup de Wall Street et de Boardwalk Empire).

De ses docus sur Bob Dylan (No Direction Home) et George Harrison (Living in the Material World) à sa captation live des Stones (Shine a Light), Scorsese n’a jamais caché son amour passionné pour la musique. C’est d’ailleurs lui, comme pour Boardwalk Empire, qui réalise le pilote de Vinyl (pratiquement deux heures tout de même) errant des bas-fonds aux villas de luxe en passant par les bureaux du Brill Building et les bars à partouze. De Mean Streets et Taxi Driver au bling-bling de Casino

En attendant Cameron Crowe et Baz Luhrmann

Quitte à nous emmêler un peu les pinceaux (c’est l’un des seuls bémols inspirés par ce pilote), l’épisode de Scorsese, un film en soi, joue avec les changements de rythme et se focalise sur trois périodes. Le soir de 1973 où Richie Finestra craque. Les jours qui précèdent son coup de mou. Et les débuts de sa maison de disques.

Dans la peau de Finestra, music lover un brin magouilleur tiraillé entre une vie de famille qui s’effrite (sa femme est une ancienne Warhol girl) et l’industrie de tous les excès, il y a l’impeccable Bobby Cannavale. Le gangster Gyp Rosetti de Boardwalk Empire a rencontré David Bowie, Patti Smith et évidemment Mick Jagger pour nourrir son personnage. Il est entouré d’acteurs tous à leur place. Pour la plupart déjà croisés chez Scorsese ou dans d’autres séries télé. P.J. Byrne, le boulet de la boîte, J.C. MacKenzie en directeur des ventes ou encore la Britannique Juno Temple (la fille de Julien) en employée ambitieuse…

Si Ato Essandoh (Django Unchained) incarne un bluesman sacrifié sur l’autel de la soul et James Jagger (fils de Mick) le chanteur héroïnomane à gueule d’ange des bagarreurs Nasty Bits, certains comédiens se mettent et se mettront dans la peau de vraies rock stars. Celle des Dolls, d’Alice Cooper, de John Lennon, Lou Reed ou encore Elvis Presley… La série mêlant personnages réels et fictifs, artistes émergents et gloires vieillissantes.

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Sexe, drogues et rock’n’roll… Gueule et esprit terriblement vintage. A défaut de raconter une histoire vraie, ce Vinyl plonge dans les coulisses survoltées de l’industrie du disque comme le Loup de Wall Street le fit chez les traders. La série, qui utilise jusqu’à 30 morceaux et possède un budget soundtrack à six chiffres… par épisode, sera accompagnée chaque semaine de compilations en ligne pour prolonger l’expérience.

La musique et les seventies s’annoncent comme deux des tendances de 2016 en matière de fiction télé. Cameron Crowe, le réalisateur d’Almost Famous, dépeindra l’entourage d’un groupe de rock dans Roadies. Baz Luhrmann va raconter les débuts du hip hop, du punk et du disco à New York dans The Get Down et David Simon, le créateur de The Wire, se plonger dans l’industrie du porno des années 70 et 80 (The Deuce) avec deux James Franco pour le prix d’un. Voilà qui promet.

VINYL, LE DIMANCHE À 3H ET LE JEUDI À 21H45 SUR BE1.

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