Y a-t-il trop de festivals en Belgique?
Va-t-on « vers un essoufflement de la fièvre festivalière en Belgique »? C’est la question que se pose le CRISP dans une analyse qui paraît ce jeudi et qui s’attarde aussi sur les disparités nord/sud.
Pas de doute, la Belgique est une terre de festivals. En 2014 d’ailleurs, on recensait quelque 409 festivals musicaux aux quatre coins du plat pays, dont une grande majorité en Flandre: pour la même année, on y comptait 280 (!) festivals contre 93 en Wallonie et 36 à Bruxelles, où l’offre est la plus concentrée géographiquement. C’est qu’au cours des trente dernières années, leur nombre n’a cessé d’augmenter, comme un peu partout en Europe.
Ce que souligne surtout l’analyse du CRISP mise en ligne ce 30 juin, c’est que la Belgique est le leader incontesté, au niveau européen, du nombre de festivals par tête de pipe. D’où le constat de départ de l’étude de Christophe Goethals, qui est disponible en ligne: la « festivalisation » « montre aujourd’hui certains signes de fatigue ». Et aujourd’hui, vu le contexte économique défavorable, « l’offre ne peut plus croître indéfiniment ». Résultat: pour se démarquer de leurs concurrents, la plupart des grosses pointures se livrent à une course au gigantisme qui n’est pas des plus glorieuses. On assiste alors à « un appauvrissement ou une uniformisation de l’offre artistique et une inflation du prix des billets d’entrée. Pour assurer des affluences record, les organisateurs font appel à des « valeurs sûres », des artistes et leurs agents qui, conscients de l’importance qu’ils représentent pour la rentabilité des festivals, n’hésitent plus à négocier à la hausse leurs exigences pécuniaires, avec comme conséquence directe une inflation quasi continue du prix des tickets. »
L’éternelle dépendance aux subsides
L’autre grand axe de l’enquête de Christophe Goethals, c’est de comparer les politiques publiques en matière de soutien aux festivals, au nord et au sud du pays où les logiques sont diamétralement opposées. En effet, si on vise à soutenir principalement les « styles artistiques de niche ou les musiques vulnérables » en Flandre, la Wallonie considère les festivals « comme des moyens de diffusion artistique particulièrement appropriés pour faire découvrir des artistes locaux à un large public ». On n’a donc, d’un côté, aucun subside pour les festivals pop ou rock, et de l’autre, des aides plus répandues mais d’un montant inférieur. Pointant ces différences de traitement, l’auteur de l’enquête conclut que « l’avenir des festivals dépendra en partie des choix des pouvoirs publics, y compris dans la coordination des différents niveaux de pouvoir impliqués »… À bon entendeur.
>> L’intégralité de l’étude « Vers un essoufflement de la fièvre festivalière en Belgique » est à lire via le site du CRISP.
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