Spotify: quand même le hit ne paie plus…
Et dire que certains avaient cru y voir la solution… Face au téléchargement illégal, les plateformes de streaming, Spotify en premier lieu, devaient venir au secours d’une industrie du disque laminée. Las, la (relative) euphorie n’aura pas duré.
Pas une semaine ne passe sans que ne soit remise en cause la pertinence de l’option « streaming ». En question? La somme réellement perçue par les artistes. Récemment, on apprenait par exemple le montant du chèque que Daft Punk allait encaisser pour les 104.760.000 écoutes du tube Get Lucky, l’un des plus écoutés de l’histoire de Spotify (score à la fin du mois d’août): 13.000 « malheureux » dollars pour Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo…
C’est David Byrne qui a fait les comptes. Dans une colonne publiée dans le Guardian, l’ex-Talking Head s’est ainsi lancé dans une attaque en règle du modèle Spotify, qui tuerait toute créativité. « Les montants par écoute que paient ces services sont minuscules -l’idée étant que s’il y a suffisamment d’utilisateurs, ces petits grains de sable vont s’empiler. Se retrouvent ainsi encouragées la domination et l’ubiquité. » L’argumentaire de Byrne est évidemment limpide: si même Daft Punk ne perçoit que des sommes marginales pour un titre massivement écouté, que peuvent espérer les artistes moins en vue? Byrne ne se range pas dans cette catégorie, mais insiste: « Ce dont il est question n’est pas la survie d’artistes comme moi, mais celle de musiciens émergents et ceux qui n’ont encore que quelques disques à leur compteur (comme St-Vincent, avec qui je tourne actuellement, et qui n’est pas exactement une inconnue). »
Certes, tout le monde n’embraie pas. Charles Caldas, CEO de Merlin, plateforme représentant quelque 10.000 labels indépendants, est de ceux qui refusent d’évacuer l’option streaming. Le problème n’est pas qu’une plateforme comme Spotify ne paie pas assez les artistes. Elle ne les paie d’ailleurs pas. Elle paie d’abord les labels… Des maisons de disques qui se servent parfois allègrement -généralement dès les premiers accords passés avec les services de streaming. C’est aussi ça qui agace chez les artistes. Comme Thom Yorke, qui parlait de la manoeuvre comme « du dernier pet d’un corps à l’agonie ». Ambiance…
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