Série instruments insolites (6/7): l’autoharpe, d’Aufray en PJ Harvey

Instrument jadis chéri par la famille Carter, l’autoharpe revient sur le devant de la scène. Rencontre avec la petite soeur nord-américaine de la cithare autrichienne.

Popularisée en France par Le rossignol anglais d’Hugues Aufray (ne partez pas tout de suite), l’autoharpe est un instrument de forme trapézoïdale dérivé de la cithare et comportant entre 36 et 48 cordes. Un instrument doté d’un boîtier, d’un jeu de barres et de boutons. Un système d’étouffoir, nous dit-on, assourdissant les cordes. Hein? L’autoharpe est quelque part un hybride de la guitare et de l’accordéon. La gratte pour sa manière d’en jouer afin de produire le son. Et le piano à bretelles pour la façon de déterminer les accords…

Mis au point par un Allemand, Karl August Gutter, en 1883, l’instrument se démocratise au même moment aux Etats-Unis grâce à l’un de ses compatriotes immigré à Philadelphie, Charles Zimmermann, inventeur et modificateur de harpes. Caractéristique du bluegrass, du folk et de la country, il devrait sa diffusion dans les montagnes des Appalaches à la persuasion des vendeurs de catalogues d’objets divers qui seraient parvenus à convaincre les paysans qu’on pouvait aisément chanter les airs traditionnels et s’accompagner de l’autoharpe sans connaître grand-chose à la musique.

La Carter Family et tout particulièrement Maybelle popularisent l’instrument. Quant à sa fille, June, la seconde épouse de Johnny Cash, elle l’utilise parfois pour accompagner son man in black. L’autoharpe se joue généralement sur les genoux jusqu’à ce que les Carter voient Cecil Null, star du Gran Ole Opry, le plus vieux programme diffusé sur les radios des Etats-Unis, l’utiliser à la verticale. Menant aujourd’hui à sa manipulation debout.

Psych and prog…

Dans les années 60 et 70, l’autoharpe s’immisce occasionnellement dans le prog et la musique psychédélique. Les disques de Genesis et de Renaissance… John Paul Jones en joue pour Led Zep. Et en 63, Janis Joplin, lors de son premier trip à San Francisco, l’utilise déjà pour reprendre des morceaux de la Carter Family dans les coffeehouses de North Beach.

Plus proche de nous, Cat Power et Bat For Lashes en ont usé, bien que de manière bien plus anecdotique que PJ Harvey, qui trinqueballe la sienne partout et s’en est énormément servie sur son dernier album Let England Shake.

La Britannique a commencé à en jouer en 2007 ou 2008 alors qu’elle cherchait à donner une nouvelle humeur à de vieux morceaux comme Down by the water. Après avoir donné 3 vieilles autoharpes à réparer dans son Dorset natal, en priant son luthier de leur conférer la plus étrange configuration de cordes possible, Polly Jean a découvert que les mélodies se suggéraient d’elles-mêmes pendant qu’elle chantait ses poèmes sur l’Angleterre, contribuant à leurs ambiances rêveuses et sans âge… « J’adore ce son. Quand je peins ou quand je dessine, je me concentre également sur certaines couleurs », commentait-elle dans les Inrocks. Who’s next?

Julien Broquet

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