Rock vs handicap: l’album du Wild Classical Music Ensemble en écoute

Wild Classical Music Ensemble © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Alors que des « punks » atteints d’autisme et de trisomie 21 s’apprêtent à représenter la Finlande à l’Eurovision, les handicapés mentaux belges du Wild Classical Music Ensemble bluffent avec un deuxième album au rock expérimental et libérateur. En pré-écoute intégrale exclusive ici même.

« C’est cool. On dirait la pochette du Rubber Soul des Beatles. » Dans leur QG à la façade vitrée planté au bord de l’eau dans le centre de Courtrai, Kim regarde à même l’appareil photo, avec un sourire jusqu’aux oreilles, défiler les clichés fraîchement tirés. Quand il n’est pas en train de dessiner ou de peindre des rock stars et des pochettes de vieux disques, Kim, 28 ans, déficient mental, tient la guitare du Wild Classical Music Ensemble. Groupe de rock expérimental dirigé par le musicien Damien Magnette qui sort ces jours-ci son deuxième album Tapping is Clapping sur le label Humpty Dumpty (04/05), et l’écurie parisienne Born Bad Records pour la version vinyle (18/04).

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« Ça, c’est de la gomme. Merci à tous d’être venus. » Avec ses lunettes de soleil et son look de frère Gallagher, Sébastien se met en condition dans la petite salle de répète aménagée au fond de la cour. Rudy, fan d’Edith Piaf et d’Elvis, souffle à l’envers dans sa trompette. Linh manie son bâton de pluie. Tandis que Johan abandonne son mélodica et regarde sur son ingénieuse petite plaquette de quoi il joue sur le morceau suivant. « J’ai mis des années avant de penser à ce système, avoue Damien (Zoft, Facteur Cheval) qui leur sert de chef d’orchestre. Avant, un bénévole nous aidait pour les changements d’instruments mais ça m’emmerdait profondément. Aujourd’hui, tout le monde se gère avec un oeil sur l’autre. Nous sommes devenus totalement autonomes sur scène. »

Flash-back. Le Wild Classical Music Ensemble voit le jour en novembre 2007. Quand le batteur et créateur d’art sonore, qui a constaté lors d’un atelier d’arts plastiques le don pour l’improvisation de certains participants, se décide à monter un projet de musique expérimentale avec des handicapés mentaux et prend contact avec Luc Vandierendonck et son asbl Wit. h, plateforme d’accompagnement pour les créateurs atteints de déficience intellectuelle. « Au début, nous baignions dans l’impro libre, se souvient Damien. Je ne jouais pas dans le groupe d’ailleurs. Puis Kim est arrivé avec sa guitare et sa culture rock et tout s’est mis en place. » « C’est Linh qui a trouvé le nom du projet. Mais elle ne sait plus le prononcer maintenant. Elle ne sait le dire qu’en néerlandais », s’amuse ce dernier.

Après un premier album rapidement enregistré à Vielsalm, au Centre d’Expression et de Créativité La Hesse (disque sorti sur le label Subrosa dans la série Musics in the Margin), Sébastien a rejoint les rangs. « Je lui ai fabriqué un instrument percussif qui a un son de basse. Mais sinon, j’ai juste légèrement arrangé l’un ou l’autre truc pour rendre les concerts plus pratiques, explique Damien. Avant, Kim et moi tenions la base mélodico-rythmique mais elle était fragile. Séba a renforcé l’aspect rock du projet. En plus, c’est un vrai showman. »

La suite de notre rencontre avec le Wild Classical Music Ensemble, et notre dossier rock et handicap, dans le Focus de ce 17 avril.

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