Micro Festival: Un autre monde est possible…

Le Micro Festival fêtait cette année ses cinq années d'existence. © Kerem/Instagram
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Strip-teaseur australien dodu, DJ new-yorkais écrasé dans son lit et Belgians tropicalisés ont rythmé la 5e édition du mini festival liégeois.

De Floreffe à Ronquières, d’abbaye en plan incliné en passant par le centre ville d’un bled nordiste paumé (Aulnoye-Aymeries près de Maubeuge), le premier week-end du mois d’août est mine de rien chez nous devenu l’un des plus chargés de l’été festivalier. Planté dans le cadre mi-urbain mi-champêtre de l’Espace 251 Nord (de l’herbe, du béton et une chouette déco décalée avec des tapisseries et des volants de badminton), quartier Saint-Léonard, le Micro à Liège, à nouveau sold out (comptez 2000 personnes), s’y est rapidement frayé une place. Sans renfort de Manu Chao, de James Blunt, de Julien Doré et d’écrans géants…

Entre l’apéritif, forcément arrosé, du vendredi (avec le bidouilleur grec Larry Gus et les Japs de Nisennenmondai), le concours international de chaises musicales et la foire aux disques en dessert du dimanche, le Micro servait samedi son plat de résistance. Résistance au dictat de la surenchère et du gigantisme. De l’uniformisation et de l’indifférence. Une scène, huit groupes, neuf DJ’s. Du psychédélisme flamand, du rock déglingué australien et des Battles portugais… Le Micro fait du bien. Si pas aux foies aux oreilles. Et c’est déjà pas mal.

Micro Festival: Un autre monde est possible...
© Sophie B./Instagram

Un morceau pour se dire que Fùgù Mango, c’est bien mieux que les Bikinians (les frères Lontie ont plus d’allure en afro lovers qu’en rockeurs poseurs), et les Ostendo-Gantois d’Alpha Whale donnent au Micro des petits airs de Californie. Entre Allah-Las de la digue belge et surf sous psychotropes, les Flandriens, qui s’apprêtent à enregistrer leur premier album, démontrent que la plage n’est pas toujours plus ensoleillée ailleurs. Un chouette son, de bonnes chansons habitées par un vrai sens de la mélodie. Prometteur.

Certes, Paus, ses deux batteries et son espèce de math rock made in Lisbonne lassent vite une fois passé l’effet de surprise et les Texans de Night Beats restent un trio garage de D2 (genre tu les as vus trois fois et ne t’en souviens toujours pas). Mais si UV Race a causé quelques frayeurs, coincé et retardé sur les routes de France avec les juilletistes et les aoûtiens, les beautiful losers australiens ont plutôt bien tiré leur épingle (à nourrice) du jeu. Emmenés par Marcus Rechsteiner, chanteur sacrément rondouillard qui se désape, joue de ses formes et se fait glisser des billets de cinq euros dans le calbar par des spectateurs rigolards, les six kangourous ont fait danser avec leur punk glam bancal et lo-fi. Enchaînant les perles (Girl in my head, Burn That cat, Inner North, I’m a Pig) de ses hautement recommandables Homo et Racism.

Tandis que BRNS donne un aperçu de son album à venir avant de partir en vacances viticoles et de se faire le Pukkelpop, les Growlers confirment qu’ils sont bien meilleurs sur disque que sur scène et ont du mal à donner du relief à un tas de chansons pourtant impeccables.

Belgitude revendiquée chez le trio turbulent The Experimental Tropic Blues Band.
Belgitude revendiquée chez le trio turbulent The Experimental Tropic Blues Band.© DR

Du noir, du jaune, du rouge… Une Brabançonne électrifiée. Pour terminer la soirée de concerts, l’Experimental Tropic Blues Band débarque en mode Belgians. Conversion de penalty à Mexico, concours de goinfrage… Benoît Poelvoorde, Elio Di Rupo, Kim Clijsters, Toots Thielemans, Justine Henin, Jean-Claude Van Damme et Marc Dutroux défilent en toile de fond. Une visite rock’n’roll, sauvage et épileptique du pays. Le dispositif vidéo faisant des siennes, le bon, la brute et le truand du rock liégeois (on vous laisse choisir pour l’attribution des rôles) repassent en mode Tropic en cours de route et font mieux que récupérer le coup. Parfaite apothéose, Jonathan Toubin délie les jambes avec ses trésors cachés. Le DJ new-yorkais écrasé dans son lit d’hôtel il y a trois ans, à Portland, par un taxi dont la chauffeuse avait été victime d’un malaise (ne dormez jamais au rez-de-chaussée) est le king pour réchauffer une atmosphère avec des vieux titres aussi obscurs que catchy d’early rock’n’roll, de soul sixties et de rhythm and blues. Comme ils disent à Esperanzah!, un autre monde est possible…

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