Critique | Musique

L’album de la semaine: Tame Impala – Currents

Kevin Parker de Tame Impala © Matt Sav
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP PSYCHÉ | Sous le soleil exactement, Kevin Parker donne de nouvelles couleurs pop eighties à ses obsessions psychédéliques. Go with the flow…

Il y a un peu plus d’an, Kevin Parker se fendait d’une reprise de Stranger In Moscow, morceau signé Michael Jackson, sorti en 1996. Une nouvelle provoc’ pince sans-rire de la part de l’unique cerveau mobilisé derrière le projet Tame Impala? Un trip enfumé qui aurait mal tourné? Même pas sûr.

En deux albums, les acclamés Innerspeaker (2010) et Lonerism (2012), Parker a réussi à faire son trou, imposant Tame Impala dans le revival psychédélique sixties du moment. Où il était question de mélodies audacieuses et de paysages musicaux hallucinés. A bien y regarder, Lonerism avait cependant déjà ouvert d’autres pistes (le glam du single Elephant). Depuis, d’autres indices ont encore été semés. Comme quand Parker a formé le projet parallèle AAA Aardvark Getdown Services (…), présenté comme une tentative plus franchement disco. Sa participation au dernier album de Mark ‘Uptown Funk’ Ronson (sur au moins trois titres) a encore un peu plus troublé les cartes. Du moins pour les fans qui ne juraient que par les vapeurs psychés, accrochés à l’héritage Syd Barrett/Beatles anno 1969. Dans le Guardian, Parker expliquait récemment avoir vécu une sorte d’épiphanie en écoutant, passablement sous influence, le Stayin’ Alive des Bee Gees. L’anecdote est évidemment tout sauf gratuite: après tout, les frères Gibb ont eux aussi démarré leur carrière dans les nuages psychédéliques avant de se transformer en mégastars disco à paillettes…

Good trip

Tame Impala n’en est pas encore là. Il n’empêche: avec Currents, Parker troque un peu plus les guitares pour les synthés, rappelant aujourd’hui davantage les obsessions 80’s de Daft Punk (Random Access Memories), de Steely Dan à ELO, que les digressions lysergiques du rock de la fin des années 60. Il suffit d’écouter Yes, I’m Changing, ballade rêveuse qui bulle sous la basse et les claviers romantiques; ou encore The Moment, la voix de Parker y planant sur une mélodie à la Hall & Oates.

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La manoeuvre aurait pu se résumer à cela: glisser d’une série d’influences à une autre, d’un revival à un autre, se contentant de jouer les caméléons. Jusqu’ici, Kevin Parker avait été toutefois l’un des rares à ne pas sombrer dans la simple citation. Avec Currents, il évite encore et toujours l’écueil, réussissant à sublimer ses sources d’inspiration. A cet égard, l’album porte bien son titre. L’écouter, c’est forcément plonger dans un univers particulier -référencé certes, foncièrement pop aussi, mais malgré tout unique et personnel. Pour l’auditeur, il s’agit bien de se laisser porter par le courant, baladé par les remous et les turbulences, à l’instar du morceau d’ouverture Let It Happen. Une expérience immersive donc, qui pour cette raison aussi, reste toujours bien fidèle au courant psychédélique, sinon dans ses gimmicks musicaux, au moins par la proposition faite d’un monde parallèle un peu à part. Avec tout ce que cela peut avoir d’autarcique et solitaire, comme c’est souvent le cas avec Kevin Parker. Mais aussi foncièrement aventureux et trippant.

DISTRIBUÉ PAR MODULAR/CAROLINE.

EN CONCERT LE 22/08, AU PUKKELPOP (HASSELT).

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