Critique | Musique

[L’album de la semaine] Fat White Family – Songs for our Mothers

Fat White Family © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

La Fat White Family rampe jusqu’à la piste de danse avec le malsain Songs for our Mothers. Sexe, drogue et politique…

Le clip glauque et dérangeant de Whitest Boy on the Beach apparu il y a quelques semaines sur la Toile promettait un retour malade, blafard et perturbé. Dans la vidéo de ce titre inspiré par un trip à Barcelone et une promenade sur la plage au milieu d’Espagnols musclés et bronzés, les mecs maigres et pâles comme la mort, tenues de vieux soldats et regards de lobotomisés, se tondent les cheveux, dansent entre les côtelettes, se caressent avec de la bidoche et entrent dans des cheminées dont ils sortent en fumée. La Fat White Family sait mettre l’ambiance. De préférence droguée, décadente et provocante.

Après Champagne Holocaust qui lorgnait à la fois du côté des Black Angels, des Black Lips, de Syd Barrett et du Brian Jonestown Massacre, quelque part entre garage déglingué, psychédélisme vicieux et postpunk vicié, Songs for our Mothers baigne dans une atmosphère kraut, industrielle, rampante et psychotique. Noire et obsédante…

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La Fat White Family, c’est en même temps la beauté et la laideur. L’espoir et le pessimisme. L’humour et la sauvagerie. Les bonnes odeurs et la plus crasse des puanteurs. Les Londoniens dansent dans les cendres. « Sur les côtes méditerranéennes, dans le boudoir d’Ike et Tina Turner, un bunker berlinois pendant les dernières heures du IIIe Reich et la salle d’attente du Dr Harold Shipman. » Harold Shipman, soit ce médecin généraliste anglais considéré comme l’un des plus grands tueurs en série de l’histoire britannique… Néonazi la Family? Avec des titres de chansons tels que Duce, Goodbye Goebbels ou encore Lebensraum (Espace vital), concept géopolitique notamment utilisé par Hitler pour justifier sa politique expansionniste en Europe de l’Est, il y a de quoi se poser la question. Mais les frères Saudi (d’origine algérienne musulmane) et Saul Adamczewski ne jouent pas avec des croix gammées juste pour choquer la bobonne du coin comme des punks écervelés. Ils ne sont d’ailleurs pas plus racistes que piètres provocateurs. Non. Les Fat White sont plus malins que ça, malgré tous les neurones qu’ils ont déjà perdus en chemin. Ils célèbrent à leur manière l’infériorité physique et l’art dégénéré. Eux qui ont pour emblème une faucille, un marteau et une tête de cochon, ont fêté dans la rue la mort de Thatcher, et ne rechignent jamais à évoquer la gentrification et la guerre des classes.

Sexe, drogue, politique… Songs for our Mothers est autant un catalogue de nos obsessions qu’une odyssée sensuelle, annonçaient les agitateurs. Hits Hits Hits, qui évoque l’histoire d’Ike et Tina, sonne comme une reprise par Prince du Velvet Underground et de son Oh! Sweet Nuthin. Là où When Shipman Decides se présente telle une flippante comptine. Pas le genre de chansons douces que nous chantaient nos mamans, plutôt celles que leur fredonnent leurs bien drôles d’enfants…

DISTRIBUÉ PAR PIAS.

LE 03/03 AU REFLEKTOR (LIÈGE), LE 04/03 À LA MADELEINE (BRUXELLES).

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