Le Prisonnier
On s’en doutait, Omar Shahid Hamid nous le confirme: il ne fait pas bon vivre à Karachi, la plus grande ville du Pakistan. Soit l’une des plus grandes villes du monde avec ses 20 millions d’habitants, l’une des plus dangereuses et l’une des plus complexes avec sa majorité musulmane, sa myriade de minorités, sa pauvreté quasi totale, sa corruption généralisée, sa criminalité endémique et sa situation géopolitique proche du chaos total, pour ne pas dire totalement incompréhensible. Il fallait donc au moins autant de talent qu’une véritable connaissance du terrain pour résumer le tout en moins de 400 pages, et surtout en faire autre chose qu’un condensé du Courrier International -un vrai thriller. Omar Shahid Hamid était la bonne -la seule?- personne pour ça: à 40 ans, cet homme dont le père fut assassiné par les djihadistes et qui fut lui-même victime d’un attentat perpétré par les talibans, a passé plus de quinze ans dans la police de Karachi, avant de rejoindre l’anti-terrorisme. C’est donc peu dire qu’il connaît son sujet. Karachi s’impose comme le personnage principal d’un thriller qui n’est classique voire convenu que dans sa manière: en suivant un duo de flics qui a six jours pour éviter la décapitation d’un journaliste américain, l’auteur nous balade dans toutes les strates de la tragédie pakistanaise -et on n’avait jamais lu ça.
de Omar Shahid Hamid, Éditions Presses de la Cité, Traduit de l’anglais (Pakistan) par Laurent Barucq, 384 pages.
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