Le Journal d’Anne Frank ne tombera peut-être pas dans le domaine public en 2016

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Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste

Anne Frank est décédée en 1945. Selon le droit français, l’oeuvre devrait entrer dans le domaine public le 1er janvier 2016. Mais les ayants droits font tout pour repousser cette échéance.

Selon le droit français, une oeuvre entre dans le domaine public le premier janvier suivant les septante ans de la mort de son auteur. Le célèbre « Journal d’Anne Frank » devrait donc l’être dès l’année prochaine en France et en Europe. En théorie.

En effet, Livres Hebdo rapporte que le Fonds Anne Frank de Bâle veut maintenir l’oeuvre sous copyright. Fondé en 1963 à Bâle par le père de la jeune fille, c’est ce Fonds qui détient les droits patrimoniaux de l’oeuvre. Il affirme que les droits d’exploitation du Journal, vendu à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde, courent au minimum jusqu’en 2030, voire 2051.

Pour le Fonds Anne Frank, la version intégrale du Journal, qui n’a été publiée qu’à partir des années 80, devrait être considérée comme une « nouvelle » oeuvre et bénéficier à ce titre du régime des oeuvres posthumes, « notamment du régime antérieur plus favorable ne faisant courir la durée de protection de cinquante ans qu’à partir de la date de la première publication », rapporte Libération. En 2030 donc.

Quant à la version de 1947, dont plusieurs passages, jugés trop intimes, ont été censurés par le père d’Anne Frank, elle serait dès lors une « oeuvre composite » dont Otto Frank serait considéré comme un « coauteur ». L’entrée dans le domaine public serait alors repoussée jusqu’à septante ans après sa mort à lui, en 2051.

Les internautes se mobilisent

Sur Internet, nombreux sont ceux qui se mobilisent pour libérer l’oeuvre d’Anne Frank. Un hashtag a notamment été créé sur Twitter : #AnneFrank.

Certains vont même jusqu’à franchir le pas de l’illégalité. C’est le cas du chercheur Olivier Ertzscheid qui, dans une lettre ouverte publiée sur son site, réagit à la décision du Fonds Anne Frank : « Très chère Anne, je viens d’apprendre que ton éditeur et les gens qui gèrent ton oeuvre s’opposaient à l’entrée de ton journal dans le domaine public l’année prochaine (…) Anne, très chère Anne, je t’écris cette lettre pour te demander la permission de ne pas attendre 2050. A la fin de ce message, je mettrai en ligne ton journal. En faisant cela, j’accomplirai un acte illégal ».

L’homme a publié deux textes sur Internet : la version intégrale, publiée dans les années 80, et la version « expurgée » par le père Otto Frank publiée pour la première fois aux Pays-Bas en 1947.

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