Dans la bibliothèque de Dominique A
Le chanteur majuscule porte son premier roman Y revenir à la scène dans une tournée hybride. L’occasion d’aller faire un tour dans sa bibliothèque.
Le livre que vous retournerez lire après cette interview?
Aucun de nous ne reviendra, la trilogie de Charlotte Delbo chez Minuit. Une écrivain rescapée qui parle de son expérience des camps, et qui n’a pas renoncé à la poésie. Sidérant.
Le livre que vous avez eu honte d’aimer?
Je peux citer une BD? Les Ric Hochet. Je les lis aujourd’hui alors que, enfant, ça me déplaisait, je trouvais ça minable. Et je trouve ça minable encore aujourd’hui (rires). Ce n’est donc ni de la nostalgie, ni de la régression, c’est encore avant (éclats de rire).
Le livre que vous possédez en plusieurs exemplaires?
Gioconda de Nikos Kokantzis: mon bouquin de chevet, et un modèle pour moi. Pour la couverture du livre, les éditions de L’Aube ont utilisé un passage d’une interview où j’en parlais, et où je disais un truc du genre: « C’est le livre que je préfère au monde. C’est une histoire magnifique, à la fois poétique et hyper sensuelle. » Dit comme ça, ça fait vraiment midinette… D’ailleurs, je me suis fait allumer par Michel Polac dans Charlie Hebdo quand il a chroniqué le bouquin, disant: « Si l’Aube pouvait nous épargner les citations de chanteuse de téléréalité, ça nous ferait du bien: c’est qui, cette Dominique A? » J’ai vraiment eu honte (éclats de rire). Je l’ai offert dernièrement et ma citation est toujours là (rires).
Le livre qui vous décourage d’être écrivain?
Une fille bien de Holly Goddard-Jones. C’est un recueil de nouvelles, par une Américaine. C’est splendide: une telle acuité du regard, une telle empathie, une telle façon d’investir ses personnages, c’est de la sorcellerie!
Le chef-d’oeuvre qui vous tombe des mains?
Ulysse de James Joyce. C’est gravir une montagne sans avoir de piolet, et tout en étant constamment persuadé que c’est brillantissime.
Le livre avec lequel vous avez une histoire?
Barbara de Jorgen-Frantz Jacobsen: je suis très fier parce que j’ai aidé à sa réédition. J’avais acheté ce livre dans les années 90, et il m’avait tellement marqué qu’il m’avait donné envie d’aller aux îles Féroé, où ça se passe. Un jour, j’ai pris un billet, je suis parti là-bas, et je l’ai relu sur place. Tout faisait écho au livre, c’était assez troublant. Un vrai jeu de piste… Au retour, j’ai écrit un article dans TGV Magazine que j’ai intitulé Supplique pour une réédition. La responsable de la collection Babel chez Actes Sud a lu mon papier, elle a été chercher le livre dans la remise de la maison d’édition, elle l’a relu et elle l’a republié en me demandant d’en écrire la préface. Ce genre de livre, c’est tout le contexte autour qui me fait l’aimer… J’en ai aussi fait une chanson, Barbara de Kalvalid: l’une des plus explicitement liées à un livre -d’ailleurs si on n’a pas lu le bouquin, à mon avis, on ne la comprend pas.
Le livre monstrueux qui vous a paru aimable?
Le jardin des supplices d’Octave Mirbeau. C’est vraiment horrible: une immersion dans un espèce de lieu de cauchemar avec une personne amorale que la souffrance d’autrui n’effraie pas. Très fort.
Le livre qui vous a fait vous sentir chez vous?
Le Grand-Meaulnes d’Alain-Fournier. Le seul livre que j’ai découvert gamin à l’école et qui me soit resté. Que j’ai relu et aimé encore après. Pour les paysages, l’atmosphère brumeuse, et puis parce qu’on a tellement envie d’assister au bal (sourire).
- À lire également: Dominique A, chanteur lettré.
- LE 8/11 À L’EDEN DE CHARLEROI, LE 9/11 AU CENTRE CULTUREL DE WELKENRAEDT ET LE 10/11 À L’ORANGERIE DU BOTANIQUE.
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