Pourquoi The Hunger Games n’est pas juste une énième saga pour ados

The Hunger Games - Jennifer Lawrence © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

La saga The Hunger Games a redessiné, avec succès, les contours des productions adolescentes. Retour sur un phénomène.

Il n’aura fallu qu’un film à la saga The Hunger Games pour imposer sa différence dans l’univers des productions adolescentes à la mode Twilight et autres Beautiful Creatures. Débarqué sur les écrans en mars 2012, le premier volet des aventures de Katniss Everdeen bluffait tout son monde, en effet, fédérant les spectateurs bien au-delà de son public-cible -524.481 entrées en Belgique, excusez du peu. Survol des règles des jeux…

Un pied dans l’histoire.

Succès de librairie, l’histoire imaginée par Suzanne Collins avait réuni quelque 30 millions de lecteurs avant de triompher sur les écrans. Si son héroïne est une (post-)adolescente évoluant dans un futur incertain, la saga puise abondamment à la source mythologique. Et revisite notamment le mythe de Thésée, libérant Athènes du joug que faisait peser sur elle Minos, le roi de Crète, qui exigeait son tribut de jeunes gens et de jeunes filles, motif repris par la saga à son compte. Quant au concept des jeux de la faim, il n’est pas, pour sa part, sans évoquer celui des jeux du cirque de l’Antiquité…

Un pied dans son époque.

The Hunger Games surfe sur un air du temps post-apocalyptique, matrice de films innombrables, tout en reflétant le monde d’aujourd’hui tel qu’il peut (dys)fonctionner. Le film passe notamment la violence au scalpel, en soulignant les conséquences, oppose l’opulence indécente à la misère la plus noire, tout en s’intéressant aux dérives de la société du spectacle, cristallisées dans ce qui apparaît comme une déclinaison extrême de la téléréalité -l’univers de Catching Fire pourrait évoquer celui de Koh Lanta. De quoi, en tout état de cause, planer (bien) plus haut que le commun des teen productions.

Une densité maximale.

Partie sur ces bases, on ne s’étonnera guère que la saga présente une densité peu usitée dans ce type de production, et cristallisée dans les dilemmes moraux que traverse son héroïne, confrontée à la perspective de sacrifier son humanité à sa survie. Et le récit d’y gagner en ampleur dramatique, le concept même des jeux assurant par ailleurs son efficacité au gré d’épreuves successives -manière aussi de faire écho aux jeux vidéo dont la franchise se garde, toutefois, d’adopter l’esthétique.

Un univers cohérent.

L’univers de The Hunger Games est singulier et cohérent qui, pour recycler abondamment (de l’imagerie de régimes totalitaires au « panem et circences » d’antan), n’en trouve pas moins une expression fascinante, faisant se télescoper les époques entre les douze districts et le Capitole, et jouant avec maestria des possibilités d’un monde virtuel n’en paraissant que trop vrai une fois franchi le dôme de l’arène. Bluffant.

Une actrice charismatique.

Audacieux -elle avait fait ses classes dans le cinéma indie-, le choix de Jennifer Lawrence comme interprète de Katniss Everdeen s’est révélé on ne peut plus judicieux. L’actrice donne à son personnage une consistance peu banale, mélange de détermination et d’interrogations, le tout transcendé par le charisme qui est l’apanage des stars. Cerise sur le gâteau, le reste de la distribution est à l’avenant, qui aligne Donald Sutherland, Stanley Tucci, Woody Harrelson ou, aujourd’hui, Philip Seymour Hoffman. On ne prête qu’aux riches…

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