Critique

Le film de la semaine: What Maisie Knew

What Maisie Knew © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Scott McGehee et David Siegel cadrent à hauteur d’enfant l’histoire d’une fillette ballotée entre des parents divorcés se disputant sa garde. Un film sensible et lumineux, révélant l’épatante Onata Aprile.

Cinquième long métrage du duo Scott McGehee et David Siegel, découvert au milieu des années 90 avec Suture avant de donner un rôle saisissant à Tilda Swinton dans The Deep End, What Maisie Knew est de ces films qui imprègnent, l’air de rien, durablement le spectateur. Une question de sensibilité mais aussi de doigté, qui vaut à cet émouvant drame familial de dispenser aussi une troublante impression de douceur, sans pourtant qu’en soient gommées les aspérités ou une humeur délicatement mélancolique.

Au coeur de l’histoire, on trouve Maisie (Onata Aprile), fillette de sept ans ballotée entre des parents -sa mère, Susanna, rock star sur le retour (Julianne Moore, soutenue par les Kills), et son père, Beale, négociant en art toujours sur le départ (Steve Coogan) -engagés dans un divorce houleux, et se disputant âprement devant les tribunaux la garde de l’enfant. Circonstances qui les conduiront, à toutes fins utiles, à se remarier, lui avec l’ex-nounou de sa fille (Joanna Vanderham), elle avec un barman (Alexander Skarsgard), sans accorder pour autant plus d’attention à Maisie, otage d’une situation la dépassant pour l’essentiel. Mais qui va s’employer, avec une belle énergie, à se frayer un chemin dans un monde dont les adultes la tenaient exclue…

A l’abri des clichés

On a peine à croire, à la découverte de What Maisie Knew, que l’histoire en ait été inspirée par un roman écrit par Henry James en 1897, tant elle apparaît évidemment contemporaine par les conflits qui s’y nouent et les questions qu’elle soulève -sentiment renforcé par son inscription dans le downtown New York d’aujourd’hui. Ce n’est pas la seule surprise réservée par cette oeuvre littéralement filmée à hauteur d’enfant, et s’écartant bientôt résolument des chemins narratifs trop convenus, comme d’ailleurs des clichés inhérents au genre, pour s’épanouir dans un cadre n’appartenant qu’à elle. Si l’âpreté du sujet n’est nullement éludée, McGehee et Siegel le passent toutefois par le filtre d’une mise en scène feutrée et ondoyante, donnant au film des contours étonnamment chaleureux. S’y ajoute le soin apporté à ne pas verser dans un sentimentalisme excessif, pas plus que dans un simplisme forcément réducteur. Si bien que l’impression primant au final est celle de vérité, idéalement incarnée par la toute jeune Onata Aprile, épatante révélation du film. Impeccablement encadrée par des acteurs au jeu millimétré, celle-ci se révèle tout bonnement irrésistible: condensé de sensibilité et de naturel, sa prestation emmène Maisie en un terrain lumineux, sur lequel on ne demande qu’à la suivre…

  • De Scott McGehee et David Siegel. Avec Onata Aprile, Julianne Moore, Steve Coogan. 1h39. Sortie: 04/12.
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