Critique

Le film de la semaine: Victoria, thriller en temps réel

Laia Costa dans Victoria de Sebastian Schipper © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Victoria est assurément une expérience de cinéma peu banale, puisque le cinéaste allemand a tourné son film en un seul plan-séquence, en temps réel.

Il y a d’abord le beat, énorme, puis la lumière, éblouissante, et enfin les traits d’une jeune femme, qui s’esquissent sur le dancefloor. Madrilène fraîchement débarquée à Berlin, Victoria s’abandonne à la nuit et à son cortège de sensations, quand elle croise, au sortir du club, Sonne et ses potes, quatre jeunes du coin. Et de les suivre, portée par la griserie de l’instant, dans une virée nocturne incertaine, laquelle déborde bientôt sur l’aube berlinoise, moment où il s’avère que les choses, idylliques en apparence, sont peut-être en train de déraper…

Quatrième long métrage de Sebastian Schipper, Victoria est assurément une expérience de cinéma peu banale, puisque le cinéaste allemand a tourné son film en un seul plan-séquence, en temps réel, les dialogues étant, en bonne partie, improvisés par les comédiens. Au-delà de la prouesse technique, et en dépit de l’un ou l’autre flottement, le résultat est tout simplement soufflant: signant un film nerveux et tendu, Schipper réussit à prendre tout à la fois le pouls d’une jeunesse en suspension, et celui de la capitale allemande, filmée comme rarement (le parallèle avec le Oslo, 31 août de Joachim Trier est d’ailleurs tentant). Chemin faisant, le réalisateur trace encore le portrait singulier de Victoria -Laia Costa, idéalement anodine-, jeune femme animée d’une rage de vivre déjouant les attentes et les clichés. A sa suite, ce film vertigineux emporte le spectateur dans un tourbillon, voyage dont l’onde, paradoxale et stimulante, se propage bien au-delà de la nuit. Primée à Berlin (contribution artistique) comme à Beaune (Grand Prix), une ébouriffante découverte…

DRAME DE SEBASTIAN SCHIPPER. AVEC LAIA COSTA, FREDERICK LAU, FRANZ ROGOWSKI. 2H20. SORTIE: 01/07.

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