Critique

[Le film de la semaine] The Square, radiographie acérée du monde

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Palme d’or du dernier festival de Cannes, le troisième film de Ruben Östlund est une oeuvre grinçante au carré.

[Le film de la semaine] The Square, radiographie acérée du monde

Révélé en 2011 par Play qu’allait suivre trois ans plus tard Snow Therapy, le cinéaste suédois Ruben Östlund poursuit, avec The Square, dans une même veine acide, tout en amplifiant son propos. Son titre, le (très) long métrage l’emprunte à une installation que s’apprête à accueillir un musée d’art contemporain, et se voulant « sanctuaire de confiance et de bienveillance. En son sein, nous sommes tous égaux en droits et en devoirs ». Principes altruistes en totale adéquation avec ceux défendus par le conservateur apprécié de l’institution, Christian (Claes Bang, impeccable), un homme bien sous tous rapports doublé d’un citoyen modèle. Lequel va voir ses valeurs mises à l’épreuve des faits lorsqu’il se fait dérober son portefeuille et son téléphone portable, sa réaction provoquant des dérèglements en cascade, bientôt démultipliés par une campagne de communication aux effets dévastateurs.

The Square a obtenu, en mai dernier, la Palme d’or du festival de Cannes. Un choix solide sinon absolument indiscutable (il y avait d’autres prétendants sérieux comme 120 BPM, Loveless ou Wonderstruck, pour ne citer que ceux-là), venu compenser en quelque sorte l’oubli, l’année précédente, du Toni Erdmann de Maren Ade. Les deux films ont beaucoup en commun, en effet, qui passent l’un et l’autre le monde d’aujourd’hui au crible de la comédie grinçante. S’agissant de Östlund, on parlera d’une oeuvre mille-feuilles, la satire (non exempte de facilités) du milieu de l’art contemporain débordant de ce cadre pour embrasser l’évolution de la société dans son ensemble, The Square privilégiant une accumulation narrative où s’entrechoquent une large variété de sujets -lâcheté ordinaire, hypocrisie, cynisme, dérives des médias, individualisme à tout crin, effritement du lien social et dilution de la confiance et de la responsabilité notamment. Soit, porté par une mise en scène ostensiblement virtuose, un film-somme se posant en radiographie acérée du monde, et atteignant par endroits à une fulgurance incontestable -la scène du dîner est un must absolu-, mais ne faisant l’économie ni d’une certaine autocomplaisance, ni de longueurs…

De Ruben Östlund. Avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West. 2h22. Sortie: 22/11. ***(*)

>> Lire également notre interview de Ruben Östlund.

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