Critique

[Le film de la semaine] The Beguiled (Les Proies), de Sofia Coppola

Colin Farrell et Kirsten Dunst dans The Beguiled, de Sofia Coppola © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Le sixième long métrage de Sofia Coppola, Prix de la mise en scène à Cannes, présente le séduisant paradoxe de s’inscrire dans la lignée de sa filmographie tout en témoignant d’un évident renouveau.

[Le film de la semaine] The Beguiled (Les Proies), de Sofia Coppola

Il y a, dans la filmographie de Sofia Coppola, une incontestable cohérence qui a même pu sembler la conduire dans l’impasse le temps de Somewhere et, plus encore, The Bling Ring, pâles resucées de The Virgin Suicides et Marie-Antoinette. À cet égard, The Beguiled, son sixième long métrage, Prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes, présente le séduisant paradoxe de s’inscrire dans la lignée de sa filmographie tout en témoignant d’un évident renouveau. On trouve, à l’origine du film, le roman éponyme publié par Thomas Cullinan en 1966, déjà porté à l’écran cinq ans plus tard par Don Siegel, avec Clint Eastwood dans le rôle principal. L’action se situe en 1864, en pleine guerre de Sécession, quand le caporal nordiste John McBurney (Colin Farrell, excellent), est recueilli, gravement blessé, dans un pensionnat pour jeunes filles coupé du monde, dans le Sud profond. Et un étrange ballet féminin de s’orchestrer autour du convalescent sous l’autorité de Miss Martha (Nicole Kidman), la maîtresse des lieux, l’atmosphère se chargeant bientôt de tensions sexuelles et autres rivalités, tandis que de l’extérieur parviennent les rumeurs du conflit…

Si la comparaison avec le film de Don Siegel est inévitable, Sofia Coppola s’en écarte sensiblement en adoptant un point de vue féminin, et en focalisant son attention sur les occupantes de l’établissement, dont l’existence corsetée va se trouver bousculée par l’arrivée de l’inconnu, en un puissant appel du désir. S’ensuit un huis clos en apparence feutré, drame du Sud (et convoquant, à ce titre, le gothique local) se déployant en courbes vénéneuses dans un mélange de sensualité, de trouble et de cruauté, qu’enrobe la photographie cotonneuse de Philippe Le Sourd, et auquel les Nicole Kidman, Kirsten Dunst et autre Elle Fanning apportent un luxe de raffinement. Manière aussi pour la réalisatrice de Lost in Translation de se réinventer tout en restant elle-même…

De Sofia Coppola. Avec Nicole Kidman, Colin Farrell, Kirsten Dunst. 1h33. Sortie: 20/09. ***(*)

>> Lire également notre interview de Sofia Coppola.

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