Critique

[Critique ciné] T2 Trainspotting, bien au-delà du seul plaisir nostalgique

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Y avait-il lieu de donner, à deux décennies de distance, une suite à Trainspotting, film culte ayant marqué un tournant dans l’Histoire du cinéma britannique?

[Critique ciné] T2 Trainspotting, bien au-delà du seul plaisir nostalgique

Poser la question suffit à situer les limites de l’entreprise dans laquelle se sont lancés le réalisateur Danny Boyle, le producteur Andrew Macdonald et le scénariste John Hodge, chevilles ouvrières du projet. Sans pouvoir prétendre ni à l’urgence ni aux enjeux de l’original, leur T2 Trainspotting a cependant de sérieux arguments à faire valoir, allant d’ailleurs bien au-delà du seul plaisir nostalgique, auquel il superpose une réflexion acidulée sur la fuite du temps, assortie d’une vision où l’amertume s’est substituée au trait sarcastique.

L’histoire, Boyle la reprend donc 20 ans plus tard, alors que Mark Renton (Ewan McGregor), ex-junkie rangé des affaires, décide de quitter son exil amstellodamois pour remettre le cap sur Edinburgh, théâtre de ses frasques de jeunesse. Le temps a fait son oeuvre, il n’a pas pour autant effacé les effets d’une trahison (il s’était fait la malle avec le magot que leur avait rapporté un trafic de drogue) restée en travers de la gorge de ses camarades, losers patentés occupés qui à galérer, « piégé par l’heure d’été« , qui à vivoter de chantages à la sex-tape, qui, enfin, à croupir dans un quartier de haute sécurité. Et les Spud (Ewen Bremner), Sick Boy (Jonny Lee Miller) et autre Begbie (Robert Carlyle) de lui réserver un accueil à la mesure de leur déconvenue…

Les présentations d’usage passées, T2 trouve bientôt son rythme de croisière, jonglant efficacement avec les époques, et multipliant les clins d’oeil à l’original, tant visuels que musicaux. Jusqu’à Kelly Macdonald qui a droit à sa scène. Au-delà de ce dialogue éminemment savoureux, le film n’en a pas moins son autonomie narrative, dépassant les seuls rebondissements d’une intrigue à l’intérêt subsidiaire. Si Boyle renoue ici avec les accents drôles et acides qui avaient contribué à la réussite de Trainspotting, sans même parler de son euphorie graphique, ces retrouvailles programmées adoptent le look en demi-teinte d’un bilan intermédiaire. « You’re a tourist in your own youth« , s’entend dire Renton, et le paysage qu’il découvre ne ressemble sans doute pas à celui qu’il avait escompté, voilé qu’il est par l’empreinte du temps, avec son concert de regrets et de désillusions. Pour autant, Boyle a l’élégance de ne pas sacrifier ses personnages à la morosité définitive, opérant une habile redistribution des rôles pour refermer joliment la boucle de leur histoire.

DE DANNY BOYLE. AVEC EWAN MCGREGOR, EWEN BREMNER, ROBERT CARLYLE. 1H57. SORTIE: 01/03. ***(*)

>> Lire également notre article sur les films générationnels et notre interview de Danny Boyle.

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