Critique

Critique ciné: Quai d’Orsay

Quai d'Orsay - Thierry Lhermitte © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE | On n’attendait guère, à vrai dire, Bertrand Tavernier sur le terrain de la comédie. Le réalisateur de L’Appât et autre Capitaine Conan a pourtant trouvé un matériau à sa main avec Quai d’Orsay, la BD de Christophe Blain et Abel Lanzac, dont il propose une adaptation enlevée.

A la suite des albums, le film s’insinue au sein du Ministère des Affaires Etrangères français, dirigé d’une main de fer dans un gant de velours par Alexandre Taillard de Vorms (Thierry Lhermitte). L’homme allie grandeur et panache, tout en se voulant le champion d’une doctrine diplomatique quelque peu évanescente reposant sur trois piliers immuables (ou presque), la responsabilité, l’unité et l’efficacité; théorie bien souvent contredite par la cacophonie des faits, toutefois. Afin d’y mettre un semblant d’ordre, le ministre décide d’engager un jeune diplômé de l’ENA en qualité de chargé du langage, à qui il incombera de rédiger ses discours. Entre les volte-faces et les incohérences de Taillard de Vorms et les susceptibilités de son entourage, Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz) a tôt fait de mesurer l’ampleur d’une tâche à laquelle il va s’atteler avec un zèle relevé de ce qu’il faut d’habileté et de flegme…

Comme L’Exercice de l’Etat avant lui, Quai d’Orsay plonge dans les coulisses du pouvoir, qu’il embrasse dans un mouvement fluide et virevoltant, manière éloquente de traduire la frénésie et l’urgence présidant à la chose publique. Bertrand Tavernier s’empare de son sujet avec une jubilation aussi manifeste que communicative, en effet, pour signer un film drôle et (im)pertinent, porté encore par une écriture où l’esprit le dispute à l’ironie. Mais si ces chroniques diplomatiques sont frappées du sceau d’une exemplaire réussite, elles le doivent aussi pour bonne part à leur distribution. Tandis que Raphaël Personnaz, Niels Arestrup ou Julie Gayet donnent à sa Cour des contours contrastés, Thierry Lhermitte apparaît souverain dans ses habits de Dominique de Villepin revisité, lui apportant extravagance, gestuelle et tempo stupéfiants -voilà assurément un rôle à stabiloter dans son imposante filmographie.

  • Comédie de Bertrand Tavernier. Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup. 1h53. Sortie: 06/11.
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