Critique

[Critique ciné] Le Sens de la fête

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Le tandem Toledano-Nakache signe une comédie chorale aussi drôle et savoureuse que riche en résonances sociales.

D’éric Toledano ET Olivier Nakache. Avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche. 1 h 57. Sortie: 04/10.

Le succès fou d’Intouchables a placé le duo Toledano-Nakache (lire aussi l’interview du premier dans Le Vif) dans une position à la fois enviable et périlleuse. Enviable parce que les réalisateurs (également scénaristes de leurs films) peuvent désormais faire à peu près tout ce qu’ils veulent. Mais aussi périlleuse dès lors que tout nouveau film signé d’eux est attendu au tournant, par celles et ceux qui espèrent une nouvelle réussite du calibre d’Intouchables mais aussi par les autres, prêts à descendre en flammes l’oeuvre de cinéastes ayant fait bien des jaloux… On ne sait si Le Sens de la fête fera un nouveau « carton ». Mais cette comédie chorale douce-amère, suscitant bien plus que l’hilarité, ne marque aucun fléchissement de la part de ceux qui avaient trouvé leur voie d’emblée, voici une bonne dizaine d’années, avec le plus que prometteur Nos jours heureux. Nakache et Toledano renouent d’ailleurs avec l’unité de lieu et d’action qui marquait leur premier long métrage. À la colonie de vacances succède ici un mariage, planifié par un Max (Jean-Pierre Bacri), aussi pro dans son activité de traiteur-organisateur que fragilisé par le poids des années, la crise et un soupçon d’amertume, le tout l’inclinant à préparer sa retraite. Bacri est superbe dans ce qui restera comme un de ses tout meilleurs rôles. Mais Le Sens de la fête multiplie autour de lui des personnages dont aucun n’est secondaire. Il s’affiche en film choral et socialement significatif comme le furent avant lui A Wedding de Robert Altman (1978) et, en France, le chef-d’oeuvre de Jean Renoir La Règle du jeu (1939).

Solidarité

Toledano et Nakache allient comme personne le comique et l’émouvant, le drôle et l’acide, avec toujours comme ciment un intérêt passionné pour l’humain. Ils nous font -beaucoup- rire avec ce mariage commandé par un riche et arrogant jeune homme (Benjamin Lavernhe) et qui va bien sûr connaître les pires perturbations. Mais ils ne s’en contentent pas. Le microcosme du château où tout se déroule leur offre un espace idéal pour montrer un concentré de la société. Ils filment le travail, un travail en équipe qui n’est pas sans évoquer celui d’un plateau de cinéma, mise en abyme qui restera discrète. Ils célèbrent la force du collectif quand celui-ci additionne les différences plutôt que de les nier. Et s’offrent même, l’espace d’une after party délirante, une petite bulle d’utopie carrément politique. Au plaisir fou de retrouver très en forme des Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Hélène Vincent et Vincent Macaigne tout en découvrant la piquante Eye Haidara s’ajoute le bonheur menacé mais réel d’une vision solidaire, à rebours de tous les égoïsmes et communautarismes mortifères.

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