Critique

[Critique ciné] Après la tempête, affaire de famille

Après la tempête, d'Hirokazu Kore-eda © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Avec Après la tempête, Hirokazu Kore-eda signe un drame familial subtil, un film tout en douceur voyant un homme tenter de retrouver la confiance des siens.

Voici plus de 20 ans et le lumineux Maborosi que les films d’Hirokazu Kore-eda produisent une musique singulière, pour un enchantement chaque fois renouvelé. Sans égaler sans doute les chefs-d’oeuvre que sont Nobody Knows, Still Walking et jusqu’au délicat I Wish, Après la tempête, le nouvel opus du maître nippon, s’inscrit dans la ligne féconde d’une filmographie qui l’a vu explorer inlassablement la famille japonaise, et notamment les liens entre les générations, cette fois encore au coeur du propos.

[Critique ciné] Après la tempête, affaire de famille

S’ouvrant alors que le typhon n°23 menace Tokyo et sa banlieue, le film gravite autour de Ryota (Abe Korishi, visage familier du cinéma de Kore-eda, comme de nombreux acteurs de Après la tempête), qui fut autrefois un écrivain prometteur, sans avoir pu, toutefois, concrétiser les espoirs placés en lui. Faute de quoi, il travaille aujourd’hui pour une agence de détectives sous couvert de « recherches » pour un prochain roman, dilapidant ses maigres revenus au jeu. Une situation dont il a appris à s’accommoder, mais ayant le don de provoquer le vif mécontentement de son ex-femme, Kyoko (Yôko Maki ), prompte à le charger de tous les maux, et en particulier de ne pas payer la pension alimentaire de son fils Shingo (Yoshizawa Taiyo), gamin ballotté au gré d’un désamour croissant. Et suscitant par ailleurs le désappointement de sa mère, désormais veuve et vivant seule dans une cité HLM en désespérant de voir Ryota changer un jour -« Tel père, tel fils« , marmonne-t-elle, alors que les éléments, bientôt déchaînés, contraignent ce petit monde à trouver refuge dans son appartement, et à reconsidérer, peut-être, leur vie et leurs relations…

Voile d’amertume

Hirokazu Kore-eda présente ce film comme celui lui ressemblant le plus. Son univers s’y pare d’un voile d’amertume, dès lors qu’à travers Ryota, mais aussi les renoncements des uns et des autres sous le coup des vicissitudes du quotidien, ce sont les rêves déçus et les vies que l’on n’a pas vécues qui s’invitent à l’écran. Mais si Après la tempête (dont le titre japonais, Umi yori mo mada fukaku signifie « Plus profond que la mer« ) charrie forcément son lot de désillusions, et avec elles cette mélancolie qui irrigue pour partie l’oeuvre du cinéaste japonais, ce dernier refuse d’en faire l’horizon exclusif de ses personnages. Mieux même, il imprime à cette chronique familiale une humeur subtile, où tendresse et humour se frayent un chemin tandis que la vie donne à s’apprécier malgré tout, non sans offrir à chacun de s’y réinventer. Modeste en apparence, la proposition est aussi prometteuse, d’où émane un sentiment de délicat apaisement. Et ce film de confirmer, si besoin en était, que Kore-eda, est le digne héritier des Ozu et autre Naruse.

DE HIROKAZU KORE-EDA. AVEC HIROSHI ABE, KIRIN KIKI, YÔKO MAKI. 2H00. SORTIE: 26/04. ***(*)

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