BIFFF 2013: Oblivion de Joseph Kosinski

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Stagiaire Le Vif

Le très gros blockbuster de la semaine était projeté en avant-première au BIFFF mardi soir. Une belle démo technique qui oublie de poser un univers et des personnages.

La salle Henry Leboeuf était archi-comble mardi soir pour la projection d’Oblivion, le nouveau film de Joseph Kosinski, réalisateur de Tron: Legacy. Sorti mercredi, le film avait bénéficié d’avant-premières en Amérique Latine et à Moscou, la première mondiale vantée par le festival ne l’était donc peut-être pas tant que ça. Le public était quand même présent en nombre pour passer ces deux heures en compagnie de Tom Cruise.

Basé sur un roman graphique du réalisateur, Oblivion raconte l’histoire de Jack Harper (Tom Cruise), un ancien Marine survivant d’une terrible guerre avec des aliens. Sur une Terre dévastée, il s’occupe de drones qui pourchassent les derniers envahisseurs encore en vie. Un jour, un vaisseau non-identifié s’écrase avec à son bord des humains en sommeil artificiel. Cette découverte va pousser Harper à se questionner sur ce qui s’est réellement passé il y a 60 ans…

Visuellement, cet Oblivion est indéniablement très beau si l’on aime les décors futuristes d’une blancheur immaculée. Des écrans tactiles aux vaisseaux, tout est propre et moderne, ce qui ne surprend pas de la part du réalisateur de Tron: Legacy. Terre ravagée oblige, les décors extérieurs (des paysages islandais, comme dans Prometheus) ne sont que plaines et cratères. Les airs ont également une place de choix dans Oblivion, et la base de Jack Harper et sa collègue Victoria Olsen (Andrea Riseborough) offre de belles scènes au milieu des nuages.

En jetant un coup d’oeil aux dessins préparatoires issus du roman graphique, il y a quand même de quoi être déçu par le rendu définitif. En effet, ces visuels sont bien plus sombres et nuancés, moins uniformément « blanc-gris » que dans le film. C’est bien ça le premier défaut d’Oblivion: à force de vouloir faire beau, Joseph Kosinskin fait un film sans aspérités, sans sève, un défaut qui se remarque d’autant plus qu’on est au BIFFF, où les films crasseux ne manquent pas. Certes, ça aurait pu être pire, car c’est avant tout Disney qui avait acquis les droits d’adaptation pour en faire un film familial, avant d’abandonner. Mais Universal, qui a récupéré les droits, n’en a fait qu’un « petit » PG13, déconseillé aux moins de 13 ans aux Etats-Unis. Un peu faible quand on parle d’une guerre qui a défiguré la planète.

Sur ses deux heures, Oblivion déroule une histoire plaisante à suivre mais qui n’offre pas de véritable surprise et dont les enjeux n’impliquent à aucun moment le spectateur. La faute en revient à une absence totale d’émotion et à un univers trop peu développé. On ne verra rien de la fameuse guerre humains/aliens, ni de la destruction de la planète. Certes, ce n’est pas illogique quand on sait que la mémoire de Jack Harper a été effacée, mais c’est gênant quand le film n’est vu que par son point de vue. Bloqué dans la tête de Tom Cruise, Oblivion est un film sans mémoire, et, pour le coup, on ne peut mieux titré (oblivion signifiant l’oubli, dans la langue de Shakespeare).

Alors, pour faire oublier qu’il est une luxueuse coquille vide, le film a bien entendu ses quelques scènes spectaculaires qui, grâce aux drones, sont fort agréables: la caméra virevolte, ça va vite, et on manque de s’écraser sur les derniers cadavres d’immeubles encore debout. Avouons-le, il y a de quoi se faire plaisir devant Oblivion si on aime les démos techniques sur écran géant. Dommage que l’on reste sans cesse à la surface des choses, sans ressentir la colère et la souffrance des personnages. La musique hollywoodienne composée par les français de M83 a beau tenter de donner un souffle héroïque au film, cela ne suffit pas pour nous faire vraiment vibrer. Une déception.

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Lucas Godignon (stagiaire)

Oblivion de Joseph Kosinski, avec Tom Cruise, Morgan Freeman et Olga Kurylenko, actuellement au cinéma

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