D’Adele à Lady Gaga, la pop féminine domine les hit-parades. Preuve supplémentaire avec le nouvel album (« 4 ») de Beyoncé, reine du genre.
Personne ne s’en est vraiment rendu compte, mais Beyoncé Knowles a pris une année sabbatique. Si, si. Une pause dont elle sort aujourd’hui avec un quatrième album, baptisé… 4. Pourquoi faire compliqué? Sur son disque précédent, le schizophrénique I Am… Sasha Fierce, la diva n’arrivait pas à résoudre les contradictions entre ses différentes personnalités. Aujourd’hui, elle semble apaisée.
Elle entame ainsi son nouvel album avec un 1+1 qui égale toujours 2. L’équation est élémentaire: la chanson aussi. Un arpège de guitare, 2, 3 légers coups de cymbale, le souffle d’un orgue, pas plus. « I don’t know much about guns… », et on pense forcément à Sam Cooke, son Wonderful World, dont la chanteuse donnerait ici sa propre version amoureuse, avant qu’un solo de guitare ne renvoie au Purple Rain de Prince. On a entendu pire comme citations. Surtout que la dame les investit au point de les faire complètement siennes, prenant des accents de sincérité troublants. Il reste bien sûr des décorations vocales inutiles, mais rarement Beyoncé aura paru aussi transparente. Les 2 morceaux suivants sont intitulés I Care et I Miss You. Là aussi, difficile de revendiquer plus simple, confirmant le nouveau parti pris. I Miss You en particulier (écrit notamment avec Frank Ocean, membre des très hype OFWGKTA) fait penser plus volontiers à Alicia Keys (Try Sleeping With A Broken Heart) qu’à Rihanna, tout en sobriété et en retenue.
We are the robots
A mi-parcours, l’allure est restée modeste. Beyoncé n’a jamais dépassé le mid-tempo. Même Party (avec Kanye West et Andre 3000) se la joue père peinard, hit estival en puissance, à dérouler paresseusement sous le soleil. Ailleurs, ce sont les ballades qui dominent. Habituellement, on aurait déjà pris un autre chemin. Ici, l’Américaine ne s’éloigne jamais très longtemps d’un feeling soul prenant (quand auparavant elle cédait trop souvent à la variétoche de casino).
Pour autant, les tubes à danser ne sont pas très loin. Run The World sample un peu trop frontalement (et trop tardivement) le Pon de Floor de Major Lazer. Mais Countdown, par exemple, est une nouvelle petite acrobatie sonique imparable. Il ne faudrait pas forcer le trait. Même en faisant mine de baisser les armes, Beyoncé reste une machine de guerre, über-star pop qui contrôle son image jusque dans les moindres détails. Mais après tout, puisque la pop féminine -de Robyn à Janelle Monae en passant par Lady Gaga- est dominée par la figure du robot, Beyoncé y a plus que jamais sa place. A son sommet.
Laurent Hoebrechts
Beyoncé, 4, distribué par Sony. ****
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