Zoophilie au Parc Josaphat, enlèvements dans le métro et autres légendes urbaines

© János Csongor Kerekes/Flickr (CC)
Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

Fondatrice de Credentia, un réseau international d’études sur la croyance profane, Aurore Van De Winkel s’intéresse de près aux légendes urbaines, aux rumeurs et même aux théories du complot (un peu moins). DJ Kwak et Serge Coosemans ont été particulièrement ravis de l’entendre raconter dans ce Brolcast les enlèvements dans les toilettes de la STIB, les mygales dans les ficus, les autostoppeuses fantômes et surtout les pratiques sexuelles très DSK dont aurait été victime ce pauvre âne du Parc Josaphat, à Schaerbeek.

Quand on pense au concept de « légende urbaine » nous vient généralement en tête une image de yankee crédule à QI de Billy-des-Montagnes, incapable de faire la différence entre ce qui se passe dans son voisinage et un scénario hollywoodien, éventuellement aussi victime d’une presse-torchon qui se vend en lui faisant croire qu’Elvis est toujours vivant. La légende urbaine est pourtant un phénomène mondial nullement limité aux Etats-Unis. Généralement, elle suit un canevas-type: même genre de décor (transports en commun, parkings, égoûts, magasins connus…), même vocation morale (resserrer les liens entre les gens) et mêmes défauts peu reluisants (délire sécuritaire, racisme…).

Une bonne légende urbaine suit un storytelling précis: un ami d’un ami subit une agression ou est témoin d’un fait inhabituel dans un espace public, un lieu de passage, un commerce. Il entre en confrontation avec l’Autre, qui peut être un étranger, un tueur en série, une machine, la nature, plus rarement un fantôme ou un extraterrestre. De là naît un phénomène sociologique déjà intéressant en soi, incarné dans une collection d’histoires qui se transmettent plus vite que la chlamidya et dont il reste permis de rire, surtout lorsque Aurore Van De Winkel nous les conte non sans macabre délectation. Ce sont bien entendu de grosses carabistouilles mais elles ne sont pas à balayer d’un revers dégoûté. D’abord parce qu’elles posent de sérieuses questions sur la nature humaine mais aussi sur la déontologie et la responsabilité de certains médias. Ensuite, parce que dans le cas d’un Slenderman, par exemple, blague potache de geeks du Net devenue véritable objet de frayeurs adolescentes, il nous est permis d’observer la naissance et l’évolution en temps réel d’une sous-culture participative et bizarre, ayant totalement échappée au contrôle de ses créateurs. Autrement dit, voilà de l’or en barre pour tout Brolcasteur qui se respecte! (sc)

Focus Brolcast #29: Aurore Van De Winkel by Focus Vif on Mixcloud

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