Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

VELVET GOLDMINE – ALORS QUE LOU REED ET JOHN CALE FÊTENT LEURS 70 ANS, UN LIVRE HYPER DOCUMENTÉ RACONTE LE VELVET UNDERGROUND EN LONG, EN LARGE ET EN TRAVERS. UNE MINE D’OR.

DE RICHIE UNTERBERGER, ÉDITIONS LE MOT ET LE RESTE, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR MARIE-ANNE LUCAS, 560 PAGES.

L’enfance troublée de John Cale agressé sexuellement par l’organiste de l’église locale à 12 ans. La thérapie par électrochocs de Lou Reed dont les parents sont préoccupés par les tendances homosexuelles et le tempérament marginal(1).  » On aurait dit un sale trip sous acid, très long et sans les avantages. » Le rôle plus au moins nébuleux d’Andy Warhol. Ou encore les relations tumultueuses entre le groupe et l’énigmatique Nico… Tout ce que vous avez toujours voulu savoir (et le reste) sur le Velvet Underground est dans White Light/White Heat. Le bouquin le plus complet et le plus documenté paru (dès 2009 aux Etats-Unis) sur les protégés d’Andy Warhol.

Brique de 560 pages présentée de manière chronologique, l’ouvrage de Richie Unterberger, collaborateur du magazine musical Mojo et auteur de plusieurs ouvrages de référence sur l’histoire du rock, raconte le Velvet au jour le jour de sa préhistoire jusqu’à ses reformations et ses premières parties de U2 dans les années 90. En passant évidemment par la rencontre en novembre 1964 entre Lou Reed et John Cale. Le rock’n’roll de l’un et l’avant-gardisme de l’autre.

Reed écrit à l’époque des chansons pour une maison de disques. Il est compositeur chez Pickwick International Records à Long Island. Une compagnie spécialisée dans les enregistrements à moindre coût. Il vient de mettre en boîte deux morceaux sous le nom des Primitives et son boss, Terry Phillips, qui lui cherche des musiciens, lui présente Cale, membre de la scène new-yorkaise contemporaine et expérimentale emmenée par John Cage et La Monte Young. L’aventure tourne court mais reste l’embryon d’un groupe à l’univers unique qui a chanté comme personne l’Amérique des freaks, des paumés, des drogués, des sadomasochistes…  » J’étais influencé par Burroughs, Ginsberg, Raymond Chandler et Hubert Selby, dira Lou Reed. Je me suis dit que je voulais faire pareil, mais avec une batterie et une guitare.  »

Ouvrage de référence

White Light/White Heat. Le Velvet Underground au jour le jour est le fruit d’un impressionnant travail de fourmi. Il renseigne tout. Les moindres enregistrements, les plus petits concerts, les activités extra musicales de Nico, les réactions de la presse et de l’industrie face à un groupe en avance sur son temps… Jusqu’à parfois en devenir rébarbatif et laborieux quand il décrit de manière monotone les sessions barrées de Cale à ses débuts, s’appesantit sur les prestations de l’Exploding Plastic Inevitable (les déjantés événements multimédias de Warhol) et ergote sur des détails insignifiants. Truffé d’extraits d’interviews, extrêmement documenté, il reste malgré tout l’ouvrage de référence sur ce qui est sans doute arrivé de mieux au rock depuis qu’il est né. Oui, rien que ça. l

(1) L’HOMOSEXUALITÉ RESTE CONSIDÉRÉE COMME UNE MALADIE MENTALE PAR L’ASSOCIATION AMÉRICAINE DE PSYCHIATRIE JUSQU’EN 1973.

JULIEN BROQUET

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