Critique

Wandersong: port du casque obligatoire

© Humble Bundle
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Wandersong parle le langage universel de la musique pour chanter dans un monde prêt à s’effondrer. Un jeu de plate-forme musical tout sourire.

Les hasardeux assemblages de navettes de Kerbal Space Program en témoignent: l’habit ne fait pas forcément le jeu. Wandersong se drape, lui aussi, d’une réalisation graphique sans relief. Terrance et Philippe (les pétomanes de South Park) semblent y avoir pris en otage les niveaux 2D bricolés de Little Big Adventure. Développé par Greg Lobanov, un Américain exilé au Canada, ce jeu indé dont les visuels flirtent paresseusement avec Paper Mario serre pourtant le joueur dans ses bras avec une sensibilité désarmante. Mieux, ses ressorts ludiques musicaux brillent d’une singularité réjouissante.

La musique et les bruitages souffrent d’un manque chronique de reconnaissance et de créativité dans le gaming. Mais ils structurent une poignée de projets téméraires qui les rendent vitaux pour éviter le game over. Plus proche du génial 140 de Jeppe Carlsen que d’Alien: Isolation (une référence en matière de sound design), Wandersong chante son univers en fin de vie. Sous le chapeau d’un barde, le gamer y aligne ainsi des vocalises pour éviter qu’une déesse ne remette les compteurs de l’humanité à zéro.

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Wandersong s’explore formellement comme un Mario old school. À la différence du platformer moustachu, le gamer y oriente le stick droit de la manette. Le tout pour atteindre huit points cardinaux d’un cadran déclenchant autant de vocalises différentes. Inspiré du jeu électronique Simon, ce périple faussement naïf aligne des rencontres demandant de reproduire des séquences de notes chantées.

Maître chanteur

Rejouer la mélodie d’un fantôme pour le chasser d’un village, s’accorder à une violoniste pour qu’elle rejoigne notre groupe, déplacer un bateau… En choeur ou en solo, Wandersong varie avec talent ce précepte de base. Certains passages brouillent ainsi la lecture de la partition à rejouer tandis que d’autres exigent de garder le rythme, à la manière de PaRappa the Rapper. Baignant dans un univers instrumental sépia teinté de séquences évoquant Beirut et Clap Your Hands Say Yeah, Wandersong a également le chic d’utiliser le chant comme outil lors de passages de plates-formes.

Mimer correctement la mélodie d’un oiseau permet ainsi de sauter plus haut en le touchant. Dans le même ordre d’idées, les notes de chant font également grandir des plantes pour franchir des gouffres tortueux. Doué, le jeu mixe par la suite ces éléments. D’autres s’y superposent, de l’étirement d’une bulle géante au déplacement d’un ascenseur.

Traversé de paysages champêtres aux couleurs pop acidulées, Wandersong ne multiplie pas moins les moments de vie loin de son irrépressible bonne humeur de surface. L’évocation pudique de sujets plus lourds comme la mort d’un parent ou la solitude finissent par tirer des larmes. Habité d’un vrai génie ludique, le jeu démontre une sensibilité qui efface sans peine ses quelques défauts, à commencer par sa molette musicale délicate à prendre en main. Oubliées les carences visuelles, la pudeur des sentiments de Lobanov efface, sans mal, son ardoise.

Platformer/jeu de rythme édité par Humble Bundle et développé par Greg Lobanov, âge: 3+, disponible sur PC, Mac et Nintendo Switch. ****(*)

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