L’oeuvre de la semaine: Condo en mode jazzy

The Pirate, 2014. George Condo. Photo Ben Provo. © George Condo et galerie Xavier Hufkens Bruxelles
Guy Gilsoul Journaliste

Mais à qui diable nous ferait penser ce traitement de la figure ? D’emblée, on songe à Picasso.

En haut à gauche, l’oeil en grisaille avec son dessin régulier pourrait nous renvoyer à une manière que le maître espagnol utilise dans sa période dite cézanienne avec, en outre, un traitement du volume assez proche de ses oeuvres directement antérieures. Mais sitôt abandonné ce fragment de visage, le reste gagne en violence et nous propulse vers l’expressionnisme des années 1930. George Condo né en 1957 n’est pas le seul artiste new-yorkais à se mesurer au peintre espagnol.

Rappelons qu’aux States, le tableau qui fonde toute la recherche moderne n’est autre que les célèbres « Demoiselles d’Avignon » (1907). Ensuite que le « Guernica » (1937) fût à son tour le modèle de référence pour la nouvelle génération d’après-guerre. Et de songer entre autres à Arshile Gorky. Car, comme ce dernier, George Condo par d’une figure précise (cela peut-être un tableau de Vélasquez, de Manet, un dessin de Tex Avery ou une image publicitaire pour les chewing gums) et à partir d’elle, développe une improvisation qui le mène au coeur de l’abstraction. Il en va donc ainsi dans ce dessin et on peut se plaire à deviner le cheminement.

Car en définitive, il n’y a ici aucun cri mais le seul plaisir comparable à celui du musicien de jazz. Ami de Basquiat et de Keith Haring, fasciné par la génération Beat et ses héros (d’Allen Ginsberg à William S Burroughs) avec lesquels il collabore, il a débuté comme sérigraphe dans la Factory de Warhol. L’exposition réunit un ensemble de dessins récents.

Bruxelles, Galerie Xavier Hufkens. 6 rue Saint Georges. Jusqu’au 11 juillet. Du mardi au samedi de 11h à 18h. www.xavierhufkens.com

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