L’Étrange histoire de Benjamin Button

Dans un style sobre et maîtrisé, malgré d’impressionnants effets spéciaux, David Fincher convainc.

C’est une bien étrange histoire qu’a filmée là l’excellent David Fincher. Le réalisateur de Se7en, de Fight Club, Zodiac et The Social Network a pris pour personnage principal un homme qui naît vieillard, et qui rajeunit ensuite continuellement, vivant son existence à l’envers et finissant par mourir tout bébé… Cette idée ouvertement fantastique et adaptée d’une nouvelle de Scott Fitzgerald s’inscrit dans un parcours couvrant la quasi-totalité du XXe siècle, puisque l’action débute en 1918 et se poursuit presque jusqu’à nos jours. S’y ajoute une bonne dose de romantisme, un amour impossible occupant le c£ur battant du film, entre un homme et une femme qui ne pourront réellement vivre à l’unisson qu’au bref moment où la diminution de l’âge de l’un et l’augmentation de l’âge de l’autre se croiseront… Brad Pitt interprète fort bien le héros singulier de cette chronique surnaturelle, Cate Blanchett jouant la femme qu’il aimera et qui l’aimera malgré leur (énorme) différence. Des effets spéciaux fascinants sont au rendez-vous, et la mise en scène de Fincher, très inspiré formellement, engendre des images souvent superbes. On peut pourtant trouver le film trop long, et regretter certains aspects irritants de son récit, quand le scénario se fait lourd d’intentions soulignées à l’excès, ou carrément un peu mièvre. L’auteur du script ayant déjà écrit le surfait Forrest Gump (lequel souffrait des mêmes limites), on comprend d’où vient le problème. Mais l’ensemble n’en est pas moins assez séduisant.

Louis Danvers