Les fauves du cirque

Spectacle Matamore du Cirque Trottola et du Petit Théâtre Baraque © DR
Lisa Burek
Lisa Burek Stagiaire

Le Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque ont fait escale à Lille pour présenter leur spectacle Matamore, avant de faire un détour en Belgique. Quand le théâtre expressionniste de Branlo et Nigloo rencontre les voltigeurs de Trottola, le cirque reconquiert ses origines.

Tout commence par une histoire de profonde amitié. « C’est ce qui nous a réunis », lance Bonaventure, l’un des cinq clowns de Matamore. Le Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque ont alors concrétisé cette envie de réunir leur univers pour construire leur propre chapiteau et son spectacle brimbalant, invités ici par le pôle d’art Latitude 50.

Les Fratellini contemporains

« Vous spectateurs, assis autour de cette fosse où s’aiguise nos désirs et nos peurs! », alpague le clown blanc, élégant et philosophe fou, au milieu de cette arène des temps modernes. L’antre merveilleuse s’ouvre sur une fosse en contrebas que les sièges des spectateurs emmurent. L’arène est montée, les gladiateurs peuvent arriver. Dans le grincement du bois et le silence qui se fait, les personnages de la petite troupe prennent vie. Le spectateur se retrouve alors plongé dans l’univers du cirque artisanal et cru, rappelant quelque part les Freaks de Tod Brownings en 1932 ou les frères Fratellini et leurs fameuses clowneries de la même époque. L’atmosphère est étrange et mystérieuse, celle qui effraie et surprend tout à la fois.

« Vaille que vaille »

« Le cirque, c’est le danger. C’est un tourniquet qui ne s’arrête jamais, raconte Branlotin, rencontré après le spectacle. Il y a une certaine violence et une tension. » Car le cirque ne peut pas mentir. Il est là, devant nous, avec ses risques et ses frayeurs. Il est sans artifice ni fioriture. Il est brut et entier. Et c’est sans doute de là que vient cette émotion que l’on sent vibrer sous le chapiteau. On retient alors notre souffle quand Titoune saute dans le vide, et on s’exclame de soulagement et de fascination quand Bonaventure la rattrape d’un geste fluide et maîtrisé. Un poids plume qui rencontre un tas de muscles: leur voltige dessine le chemin paradoxal de l’amour à la beckettienne.

On décroche

Mais si le spectateur est tenu en haleine lors de ces acrobaties vertigineuses, le show Matamore sait aussi relâcher la pression. Peut-être un peu trop, même. Le duo de clowns finit par faire un numéro de dialogues amusés mais le temps devient long. On peut se lasser de ces clowneries bon enfant. Et si la foule pousse des petits « oooh » attendris quand un chien vient faire des figures au milieu de la piste, on s’étonne de voir apparaitre un tel numéro au milieu de ce show pourtant bien démarré. C’est divertissant, efficace mais cela passe sans grande émotion.

Après une heure quarante de poésie acrobatique, jongleries effrénée et démence corporelle, les cinq clowns terminent leur spectacle circassien avec un vrai sourire sur leur visage, les masques blancs sont tombés. Retour à la réalité.

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