Critique

Le film de la semaine: Tel père, tel fils (Sochite chichi ni naru)

Telpère, tel fils (Sochite chichi ni naru) © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Hirokazu Kore-eda, le réalisateur de Nobody Knows et Still Walking, poursuit son exploration de la cellule familiale japonaise. Avec une délicatesse et une acuité qui n’appartiennent qu’à lui…

A l’instar, avant lui, d’un Yasujiro Ozu, Hirokazu Kore-eda s’est imposé, film après film, comme le peintre délicatement inspiré de la famille japonaise. Venant après Nobody Knows, Still Walking et autre I Wish, le bien nommé Tel père, tel fils s’inscrit ainsi dans la continuité de son oeuvre, explorant un terreau on ne peut plus fécond au départ d’une situation singulière pour le moins. L’histoire commence au sein d’une famille à l’aisance manifeste: il y a là Ryota, un architecte ayant beaucoup sacrifié à sa réussite professionnelle, Midori, son épouse effacée, et Keita, leur gamin de six ans, que son père entend bien façonner à son image. Soit une certaine vision de la félicité, que vient bouleverser un appel de la maternité, leur apprenant qu’il y a eu inversion de nourrissons quelques années plus tôt. Et de bientôt suggérer un échange entre Keita et Ryusei, leur fils biologique, lequel a grandi pour sa part avec ses frère et soeur dans une famille de condition modeste, une première rencontre étant organisée dans la foulée. Circonstances qui auront le don de plonger Ryota dans un abîme de perplexité…

Charme bienveillant

A sa suite, Kore-eda s’interroge sur la notion de paternité, et le moment où un homme se sent vraiment devenir père -sujet simple et complexe à la fois, traité avec sa finesse coutumière. Brassant des questions sensibles, et déstabilisant son protagoniste central tout en interpellant le spectateur, Tel père, tel fils n’en procède pas moins tout en douceur, en effet: on pense à quelque charme bienveillant, tandis que l’on est irrésistiblement happé par cette histoire dont la richesse ne se dévoile que sur la durée, alors que le film n’en finit plus de s’ouvrir, en un mouvement centrifuge. Chemin faisant, Kore-eda capte des instants et des émotions fugaces, transcendant le quotidien pour toucher à l’essentiel. Porté par une justesse de trait renforcée par le naturel confondant de ses acteurs, les enfants en particulier, voilà un film que son apparente modestie n’empêche pas de tendre à l’universalité. On se projette avec bonheur dans ce petit bijou sensible, reparti de Cannes avec le Prix du jury, mais qui aurait pu prétendre à plus encore.

  • DE HIROKAZU KORE-EDA. AVEC FUKUYAMA MASAHARU, ONO MACHIKO, MAKI YOKO. 2H01. SORTIE: 18/12.
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content