Critique

Le film de la semaine: Only Lovers Left Alive

Only Lovers Left Alive - Tilda Swinton et Tom Hiddleston © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

En compagnie de Tilda Swinton, Tom Hiddleston, vu auparavant chez Woody Allen comme en méchant de comics, réinvente les créatures de la nuit pour l’épatant film de Jim Jarmusch.

Venant après un The Limits of Control fort décevant, Only Lovers Left Alive voit Jim Jarmusch renouer avec le meilleur de son cinéma à la faveur d’une curieuse histoire d’amour éternel. S’attelant, à sa façon s’entend, à un film de vampires, le cinéaste new-yorkais y entreprend une balade chargée de spleen entre Detroit et Tanger, sur les pas d’Adam (Tom Hiddleston) et Eve (Tilda Swinton), couple de créatures de la nuit sophistiquées évoluant dans les marges du monde: elle dans la ville marocaine, où elle mène une vie énigmatique; lui, comme musicien underground dans l’horizon fantomatique de Motor City. Un décor exsangue où elle le rejoint bientôt, lorsqu’il lui fait part de son désarroi et de sa dépression profonde face à la tournure prise par les activités humaines alentour. Et notre couple d’amants crépusculaires de s’employer à survivre…

Habité par la présence magnétique de Tilda Swinton et Tom Hiddleston, rejoints occasionnellement par Mia Wasikowska ou John Hurt, hanté encore par la nuit de Detroit, c’est un film d’une funèbre beauté que livre le réalisateur de Dead Man, qui y porte un regard désabusé et pénétrant sur la marche des choses. Mais si Only Lovers Left Alive a évidemment une portée métaphorique sous-jacente, c’est aussi du pur Jarmusch, dont l’on retrouve le rythme indolent, et l’apparence de la nonchalance, passant la mythologie au filtre de son humour laconique, et ouvrant encore les portes d’un musée intime où Buster Keaton côtoie Charlie Feathers. Soit une errance poétique et romantique en diable, bercée de l’irrépressible et irrésistible mélancolie de ces amants de la nuit…

  • DE JIM JARMUSCH. AVEC TILDA SWINTON, TOM HIDDLESTON, JOHN HURT. 2H03. SORTIE: 19/02.
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