Le chorégraphe star Benjamin Millepied quitte le Ballet de l’Opéra de Paris

Benjamin Millepied © Reuters
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le jeune chorégraphe star de l’Opéra de Paris, le Français Benjamin Millepied, a annoncé jeudi sa démission de la direction du ballet de l’Opéra à peine plus d’un an après son arrivée à la tête de l’une des formations les plus prestigieuses du monde.

« Après mûre réflexion, j’ai décidé de mettre fin à mes fonctions de directeur de la danse », indique dans un communiqué le Français marié à l’actrice Natalie Portman, expliquant vouloir se « consacrer à 100% » à la création », ce que ses fonctions à l’Opéra ne permettaient pas.

Ce communiqué est publié quelques heures avant une conférence de presse jeudi, annoncée mercredi soir par le directeur de l’Opéra, Stéphane Lissner, de manière impromptue après des rumeurs de départ insistantes relayées par le site internet de l’hebdomadaire people Paris Match.

La « greffe » à la tête de la compagnie de 158 danseurs du très glamour « danseur principal » du New York City Ballet n’a pas eu lieu, selon des sources proches du ballet. Le chorégraphe de 38 ans, formé aux Etats-Unis, était arrivé en novembre 2014, faisant souffler un vent de changement en bousculant les habitudes de la prestigieuse institution.

Les jeunes danseurs du ballet ont notamment apprécié d’être propulsés dans les créations qu’il a signées pour l’Opéra, bousculant la hiérarchie qui veut que seuls les danseurs en haut de l’échelle soient en vedette. Très investi en faveur de la santé des danseurs, il a aussi fait changer les parquets pour ménager leurs articulations et fait venir des spécialistes de la santé du sport.

Et le versant « glamour » de son couple n’est sans doute pas pour rien dans l’afflux de mécénat, notamment grâce à l’instauration d’un gala de début de saison. Mais Benjamin Millepied a peut-être sous-estimé les pesanteurs du poste. « Benjamin n’avait pas mesuré que le poste implique 80% de tâches administratives et 20% seulement d’artistique », a confié jeudi à l’AFP un très bon connaisseur de l’Opéra. « Il a voulu réformer vite, parce qu’il fait tout très vite, et il n’a pas été soutenu par la direction de l’Opéra », ajoute-t-il.

« Diriger une grande institution ne s’invente pas »

Selon l’ancienne directrice de la Danse de l’Opéra de Paris Brigitte Lefèvre, qui a dirigé pendant vingt ans la prestigieuse compagnie, le chorégraphe « n’avait aucune expérience de la direction d’une grande compagnie ». « Diriger une grande institution ne s’invente pas », a souligné auprès de l’AFP Brigitte Lefèvre. La participation du danseur à des campagnes de publicité, sa chorégraphie en ouverture du dernier festival de cinéma de Cannes où Natalie Portman présentait son premier film ont par ailleurs pu agacer.

Ses déclarations très critiques sur le ballet qu’il dirige dans un récent documentaire diffusé sur une chaîne française ont aussi beaucoup choqué: il déplorait l’absence de « plaisir » dans le corps de ballet qu’il assimilait à « du papier peint ». Un départ de l’Opéra devrait lui permettre de retrouver sa compagnie basée à Los Angeles, où son épouse, avec qui il a un fils, pourra conduire plus facilement sa carrière internationale. La comédienne, qui professait un véritable engouement pour Paris à ses débuts, a déchanté avec les attentats djihadistes de janvier 2015 (17 morts) ayant notamment visé Charlie Hebdo et un magasin cacher. Elle confiait en mai l’an dernier à la revue The Hollywood Reporter s’être rendue compte « à quel point nous sommes différents culturellement, profondément différents » et avouait sa nervosité en tant que juive.

L’ancien danseur étoile (« principal ») du New York City Ballet a vu sa notoriété, déjà bien établie outre-Atlantique, s’envoler vers des sommets après le film « Black Swan » de Darren Aronofsky sur lequel il était consultant en 2009. Il a rencontré Natalie Portman durant le tournage et l’a épousée en 2012. Benjamin Millepied a alors basculé sur la côte Ouest des Etats-Unis, où il a lancé en 2011 sa propre compagnie, « L.A. Dance Project », à Los Angeles. En dix ans, il a signé plus d’une vingtaine de pièces, y compris pour l’Opéra de Paris, où il crée « Amoveo » (2006) avec les étoiles Nicolas Le Riche et Aurélie Dupont, « Triade » (2008) avec notamment Marie-Agnès Gillot et « Daphnis et Chloé » en mai 2014, peu après sa nomination à Paris.

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