Critique scènes: Le mystère plus rapide que la lumière

© Hichem Dahes
Nicolas Naizy Journaliste

Quand une scène de crime ne répond pas aux lois de notre espace-temps… Le Paradoxe de Billy fait d’une enquête policière un concentré intrigant. Bienvenue dans la quatrième dimension!

Le Paradoxe de Billy commence comme un polar noir, à l’image de la quasi-obscurité dans laquelle est plongée l’entièreté de ce spectacle vu en work in progress à la Factory liégeoise en septembre et désormais en création finale à la Balsamine. Les cadavres de Billy et de Jo sont retrouvés dans la forêt épaisse proche de Saint-Hubert (capitale wallonne de la chasse, ce n’est pas anodin), morts par balles. Le rapport balistique révèle cependant une incongruité: les deux victimes ont pu être tuées par deux balles issues d’un même pistolet que Jo, première décédée, tenait en main. Et les lois de la physique élémentaire de s’en trouver complètement chamboulées. À moins que la quantique ne s’en mêle?

Construit autour de trois monologues -dans l’ordre, Jo, Billy et l’inspecteur-, le récit va s’épaissir revenant sur la jeunesse de Billy, élève moyen. Amoureux de vitesse, il espère un jour dépasser la vitesse de la lumière et voyager dans le temps, mais sur sa mobylette d’adolescent, aussi bien que sur sa moto plus tard, il en est encore loin. Sa rencontre avec Jo, jeune fille d’un milieu plus aisé, habituée à manier les armes, et le récit de leur relation par les différents protagonistes laissent le souvenir d’une relation tendre, affectueuse et passionnée malgré leurs différences de milieu social. Mais rien ne vient expliquer l’incongruité de la scène du crime. L’on en vient alors à douter de la rationalité de cette affaire, nous plongeant dans les couloirs du temps.

Critique scènes: Le mystère plus rapide que la lumière
© Hichem Dahes

La vérité est ailleurs?

En ancrant cette histoire en Ardenne (sans pour autant y aller des clichés inutiles), Ludovic Drouet construit son récit teinté de social et de mystère comme un Twin Peaks wallon, ou un épisode rural de X-Files. La figure étrange du « chasseur » aux bois de cerf nous renvoie à une imagerie forestière familière tout en nous suggérant que la vérité est peut-être ailleurs. La répétition d’une même scène sous des angles différents, des indices enregistrés et des textes et images projetés tente de nous mettre sur la piste. Mais inutile d’être trop cartésien. Dans une ambiance sonore et lumineuse mise au point avec talent par Gildas Bouchaud et Iris Julienne, propre à nous faire douter à chaque instant, Le Paradoxe de Billy nous accroche par son interprétation convaincante (Fanny Estève, Samuel Van Der Zwalmen, Lucas Meister) et sa construction temporelle et narrative habile. Une intrigante découverte!

Le Paradoxe de Billy, de Ludovic Drouet.

Jusqu’au 29/10 au Théâtre de la Balsamine. www.balsamine.be

NB: ce théâtre ne demande pas la présentation du pass sanitaire en raison d’une jauge inférieure à 50 personnes. La réservation reste cependant recommandée.

Les 19 et 20 février 2022 au Festival de Liège. www.festivaldeliege.be

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