Bons plans sorties pour le week-end (Flashback festival, Brussels Record Fair, Chicano Prison Art…)
Concert, clubbing, théâtre, expos, ciné… Comme chaque vendredi, Focus fait le tri dans l’agenda culturel pour vous proposer le meilleur du week-end.
Chicano Prison Art
Du 29/05 au 19/06 à Recyclart, 1000 Bruxelles
La tradition du paño (dites « panio »), devenue « outsider art », remonterait aux années 40, dans les prisons des Etats américains proches du Mexique: souvent analphabètes, les prisonniers chicanos décoraient leurs mouchoirs en coton (« panuelo ») de dessins en tout genre pour remplacer le courrier et communiquer avec l’extérieur -amis, famille ou gangs. Le paño est depuis devenu, comme les tatouages, l’expression d’une culture latino-américaine et carcérale forte de sa propre esthétique, donnant un écho unique à la « vida loca » de trop de chicanos. Tracés à la plume avec de l’encre récupérée, de la cire ou du marc de café, les dessins y mêlent allègrement religion et pornographie, la Vierge de Guadalupe côtoyant têtes de morts, big boobs et lowriders. Bref, toute une culture, et une incroyable collection de plus de 300 panos originaux, qui débarque pour quatre semaines à Recyclart. Un petit bijou de sous-culture que l’on doit en grande partie à la structure Serious Publishing et à Jimmy Pantera, ami de la maison et grand spécialiste de la culture mexicaine -il avait déjà organisé des combats de catch à Bozar. Jimmy a cette fois mis la main sur la collection exceptionnelle du Français Reno Leplat-Torti, collectée auprès des détenus et de leurs proches ces sept dernières années. Pour se mettre dans l’ambiance, la soirée d’ouverture vaudra son pesant de mezcal: on y annonce des strip-teaseuses de Tijuana et un fameux groupe mariachi. Grosse calor à prévoir. (OVV)
—
Superfly
Le 29/05 à la Caserne Fonck, Liège
Du bon groove à Liège, avec une nouvelle soirée Superfly. Au programme, comme d’habitude, hip hop, funk, soul, et plus si affinités, servis généreusement par les toujours impeccables Bernard Dobbeleer et Double-Axl. Pour le coup, ils seront rejoints par Simon LeSaint. Toute grosse ambiance en perspective. (LH)
—
Tropical
Le 30/05 au Soul Inn, 1000 Bruxelles
Quitte à posséder son propre bar, autant y rapatrier ses soirées. Après avoir squatté les caves de Jour de fête, Funky Bompa ramène sa programmation Tropical au sein de son nouveau Soul Inn. En compagnie de DJ TomB, le patron devrait faire chauffer la colle avec un set mélangeant salsa, cumbia, afroboogie, highlife et autres soul makossa. (LH)
www.facebook.com/soulinnbrussels
—
Flashback Festival
Jusqu’au 31/05 au Heysel, 1000 Bruxelles
Ce week-end, le Heysel accueille Flashback, « le plus grand festival vintage d’Europe ». Au menu de la partie musicale, une affiche populaire, familiale, et, comment dire, bigarrée, où l’on croisera aussi bien les anciennes gloires Motown (Supremes et Temptations) que le duo Brigitte. Les bons plans? Le trip fifties de Pokey LaFarge ou le jump-blues de Little X Monkeys. (LH)
www.flashbackfestival.be – Notre article: Que reste-t-il des anciennes formations phares de la Motown?
—
Brussels Record Fair
Le 31/05 aux galeries Ravenstein, 1000 Bruxelles
La Foire aux disques vinyles de Bruxelles ouvrira ses portes le 31 mai pour la douzième fois. L’événement rassemble dans une même galerie plusieurs générations d’amoureux de vinyles.
www.brusselsrecordfair.com – Notre article
—
Visueel Festival Visuel
Les 29 et 30/05 entre le GC De Kroon et le Centre culturel le Fourquet, Berchem-Ste-Agathe
Un festival pour petits et grands de cirque contemporain et des arts de la rue, qui s’ouvre sur les arts émergents tels les arts plastiques. Des compagnies belges, françaises, espagnole… seront de la partie et proposeront des moments « interactifs, tendres et poétiques ».
—
Sound Poetry from East to West
Le 31/05 à 15h au Beursschouwburg, 1000 Bruxelles
Régulièrement, les dimanches après-midi du Beursschouwburg sont l’occasion de se mettre une dose de musique classique ou contemporaine dans les oreilles, et en famille s’il vous plait. La deuxième saison de ces Origami Classics se clôture ce 31 mai avec un trio harpe, flûte et chant.
—
Pierre La Police
Jusqu’au 03/07 sur le toit de l’atelier Rectangle, 1060 Bruxelles
Il s’agit sans doute là d’un des plus petits espaces d’exposition au monde, mais gratuit, accessible 24 heures sur 24 et l’air de rien occupé par les meilleurs artistes visuels contemporains: l’espace Rectangle, au-dessus de l’atelier du même nom, consiste en un simple panneau d’affichage de 3 mètres sur 4, posé sur une tout aussi simple structure en bois. Il suffit de passer dans la rue Emile Féron, à Saint-Gilles, tout près de l’avenue du Roi, pour l’admirer. Et depuis cette semaine, c’est le très mystérieux et très décalé Pierre La Police qui se voit offrir, jusqu’au 3 juillet, ce petit bout de ville, avec une image dont tout le concept tient dans le nom: Tes monstrueux autocollants qui brillent dans la nuit… Une seule image, pour un artiste français connu mais anonyme, et adepte de l’art idiot et de l’illustration (très) décalée depuis plus de 20 ans. A ne pas rater si vous passez dans le quartier. (OVV)
—
KunstenFestivalDesArts
Jusqu’au 30 mai à Bruxelles
Le KunstenFestivaldesArts se termine le 30 par un brunch invitant les spectateurs à partager des souvenirs du KFDA, 20 ans de festival. D’ici là, quelques découvertes encore, comme Off The Map, un solo de We-Chi Su: « Une danse lente et précise sur une bande sonore chuchotée », sur une scène virtuellement habillée. Ou Escenas par El Conde de Torrefiel, un collectif de Barcelone: douze histoires, anecdotes et fantasmes, textes projetés et actions décalées (thema: aliénation et liberté). Enfin côté pointures, éplinglons le théâtre-documentaire de Milo Rau, The Dark Ages, et la chorégraphie de Boris Charmatz… Manger. (NA)
>> Plus de théâtre: voir notre tour d’horizon des curiosités scéniques à voir en mai à Bruxelles
—
Sorties ciné de la semaine
Les liens mènent à nos critiques + bandes-annonces
Le film de la semaine: Citizenfour ****, les choix d’Edward Snowden;
Red Army ***, sport et politique sur fond de Guerre froide;
San Andreas *, un film de bien faible magnitude.
—
Virgile Ittah – And this new sleep
Jusqu’au 06/06 à la Galerie particulière, 1050 Bruxelles
Plus le temps passe et plus l’on aspire au concentré, on aurait même envie de dire à l’essence de concentré. Sans doute est-ce dû à l’accumulation des foires à rallonge et des expositions-fleuves au bout desquelles le cerveau échoue à toute synthèse au moins autant que la bouche qui reste muette. On se surprend à rêver à ces pièces d’exception qui permettent un face-à-face unique. C’est exactement ce que propose la dernière exposition de La Galerie Particulière à Bruxelles. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une seule oeuvre mais de trois sculptures accompagnées de neuf ambrotypes qui découlent directement de l’une d’entre elles. C’est au fond de la galerie qu’il faut aller chercher cette pièce maîtresse. Il s’agit d’un autoportrait de l’artiste assise sur une chaise. Face à celui-ci, un autre siège invite à s’asseoir et à contempler. On pense à Marina Abramovic -c’est bien plus que cela. La sculpture s’offre dans un très significatif mélange de cire et de poudre de marbre. Autant dire que le rapport avec la statuaire grecque classique s’impose… mais c’est comme si celle-ci était confrontée à un autre socle historique, celui du désenchantement occidental contemporain. Là où les Grecs sculptaient le marbre pour l’éternité, Virgile Ittah se confronte à des matériaux, la cire et la poussière, qui disent tout le caractère éphémère de nos horizons. Il reste que la rencontre avec l’autoportrait n’en est que plus bouleversante. Face à soi, une bouche légèrement entrouverte, celle d’un corps que l’on devine meurtri, semble aspirer l’air. Travaillé à la façon de Rodin, c’est-à-dire à partir d’un profil sur lequel se greffent des ajouts successifs de matière, l’autoportrait tridimensionnel laisse entrevoir à certains endroits la structure de métal qui le soutient. L’effet d’écorchure est redoutable, impossible de ne pas ressentir de l’empathie. Ce travail est prolongé par neuf ambrotypes, du nom de ce procédé photographique basé sur une plaque de verre au collodion humide, qui livrent des instantanés de l’autoportrait de marbre et de cire. Autant d’images où le visage, déjà précaire, est plus que jamais en lutte avec l’effacement qui est notre destin commun. (MV)
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici