À mort Facebook! Quand le cinéma inspire la réalité

Le groupe d’hacktivistes Anonymous annonce la destruction de Facebook le 5 novembre prochain. Fake ou non, la vidéo rappelle à quel point le cinéma peut inspirer les foules. Pour le meilleur… mais souvent le pire.

Une figure encapuchonnée, affublée d’un masque à l’effigie de Guy Fawkes, dénonce le totalitarisme médiatique et annonce la mise en oeuvre d’actions radicales (en l’occurrence la destruction de Facebook) le 5 novembre prochain, via une vidéo postée sur Youtube. La séquence évoque furieusement la scène de V for Vendetta au cours de laquelle le héros, V, tente de faire adhérer les foules à sa cause révolutionnaire. Même si les intentions du personnage interprété par Hugo Weaving semblent à priori plus « explosives », la promesse d’un blackout total à l’échelle du plus grand réseau social de la planète (pas moins de 500 millions d’inscrits) a de quoi faire frémir.

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Le groupe Anonymous, dont se revendique la vidéo, s’est empressé de démentir toute implication officielle en postant sur Twitter, « Opfacebook [le nom donné à l’opération] n’est qu’un autre fake. Nous ne « tuons » pas Facebook. Ce n’est pas notre style« … Sans pour autant exclure la probabilité d’une action marginale. « OpFacebook est organisée par certains Anons. Cela ne signifie pas nécessairement que tous les Anonymous sont d’accord avec cela. » En avril dernier déjà, le groupe avait démenti être à l’origine des attaques à l’encontre du Playstation Network de Sony. Mais en l’absence de commandement centralisé, les Anonymous ne sont pas en mesure de contrôler leurs ramifications, dont la structure s’apparente à une véritable nébuleuse. « We are Anonymous. We are legions« , scande leur slogan… Un assaut sur Facebook le 5 novembre est donc tout-à-fait envisageable, même s’il ne bénéficiera ni de l’aval ni des compétences techniques du groupe.

Le cinéma fait sa muse

Le choix du 5 novembre n’est pas dû au hasard. Consacrée dans la culture populaire par le film V for Vendetta et la BD dont il s’inspire, la date renvoie en réalité à la tentative de coup d’état fomenté par le catholique Guy Fawkes en 1604. Dans l’oeuvre d’Alan Moore (et plus tard James McTeigue), le 5 novembre est la date choisie par V pour faire exploser le Parlement Britannique ainsi que Downing Street, complétant ainsi l’oeuvre inachevée de Fawkes au 17ème siècle.

L’analogie avec le film de James McTeigue ne s’arrête pas là. Les membres d’Anonymous arborent généralement des masques à l’effigie de Guy Fawkes, et s’adressent à la population dans un cadre évoquant celui d’un plateau de télévision. Un moyen de détourner le média qu’ils dénoncent (la télévision dans le cas V, certaines plates-formes Internet dans le cas des Anonymous) en se le réappropriant.

Les menaces proférées à l’encontre de Facebook ne sont que les derniers exemples en date d’une série de phénomènes sociaux puisant dans le registre cinématographique. En voici quelques exemples.

Natural Born Killers (1994)

Deux étudiants armés de fusils automatiques et revêtus de longs manteaux noirs font irruption dans leur lycée et abattent treize personnes, avant de retourner leur arme contre eux. La fusillade de Columbine (1999) provoque un véritable séisme moral au Etats-Unis. Une part importante de l’opinion publique impute la responsabilité de ces actes à la culture de la violence soi-disant véhiculée par l’industrie du jeu vidéo, de la musique et du cinéma. Marylin Manson, Matrix et consorts sont pointés du doigt comme étant les principales sources d’inspiration d’Eric Harris et Dylan Klebold. Il apparaîtra par la suite que les deux ados étaient fans du film Natural Born Killers d’Oliver Stone, qu’ils citent à plusieurs reprises dans leurs journaux intimes. Dylan Klebold mentionne même le film lorsqu’il évoque le massacre à venir. « I’m stuck in humanity. Maybe going NBK w. Eric is the way to break free. »

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Les cas de mimétisme morbide implicant Natural Born Killers sont légion. En 1995, Sarah Edmonson (19 ans) et son petit ami Benjamin John Darras (18 ans) entreprennent une virée meurtrière après avoir visionné le film sous l’emprise du LSD. Ils quittent l’Oklahoma en direction du Tennessee pour assister au concert d’un groupe de metal. En chemin, ils abattent William Savage, un cultivateur de cotton du Mississipi, et Patsy Byers, la caissière d’une épicerie (qui survivra à ses blessures). L’affaire fait grand bruit aux Etats-Unis, à tel point qu’Oliver Stone et Time Warner sont traînés devant les tribunaux américains par Patsy Byers. Les charges à leur encontre ne seront finalement pas retenues.

En septembre 1994, un jeune garçon âgé de 14 ans décapite un de ses camarades de classe. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à commettre un tel geste, il répondra « I wanted to be famous, like the Natural Born Killers« . La même année Nathan Martinez, 17 ans, abat sa belle-mère et sa demi-soeur alors qu’elles sont endormies. Poussant le mimétisme jusqu’à se raser la tête, comme le personnage de Mickey interprété par Woody Harrelson, et à arborer les mêmes lunettes, il reconnaîtra avoir vu le film une bonne dizaine de fois avant de commettre les meurtres.

Thelma & Louise (1991)

La scène finale de l’échappée suicidaire mise en boîte par Ridley Scott en 1991, au cours de laquelle Susan Sarandon et Geena Davis se jettent dans le Grand Canyon au volant de leur voiture, en a manifestement inspiré plus d’un. En avril dernier, un couple anglais met fin à ses jours en se précipitant du haut d’une falaise, sur les côtes de l’ile de Wight, reproduisant ainsi l’acte final du film Thelma et Louise. Aux Etats-Unis, une dizaine de suicides inspirés de la fameuse séquence ont été recensés dans la région du Grand Canyon, certains n’hésitant pas à dénoncer l’influence déterminante du film sur ces actes de désespoir.

Kick-Ass (2008-2010)

Il aura fallu attendre que Mark Millar, et plus tard Matthew Vaughn, affublent un nerd 100% powerfree de l’étoffe des super-héros pour que d’illustres quidams s’improvisent justiciers masqués. Bravant les dangers de la rue et l’absence de supers pouvoirs, une poignée d’individus gavés à la mamelle marvélienne a choisi d’endosser la panoplie de super-latex pour remettre les pendules de la justice à l’heure sans passer par la case police. La ville de Seattle en compte quelques-uns. Ils se font appeler Green Reaper, Gemini, Phoenix Jones ou encore Zeta Man et appartiennent au très sérieux Rain City Superhero Movement. Principalement organisés sur Internet, ils s’échangent des informations sur les conditions légales dans lesquelles exercer leur « art » ou encore sur les meilleures techniques à utiliser pour neutraliser l’ennemi. Mais la défense de la veuve et de l’orphelin n’est pas sans risque, comme en témoigne la mésaventure du plus médiatisé des Real Life Super Heroes, Phoenix Jones. Qu’importe. Comme le disait si bien un certain tonton Parker, « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Sauf qu’en l’absence de « grand pouvoir », ces responsabilités se résument bien souvent à se faire casser la g*****.

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N.P. (stg)

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