Critique

[À la télé ce soir] Toni Morrison et les fantômes de l’Amérique

© BERT ANDREWS
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un docu marqué par la persistance de l’oppression et la violence de l’injustice.

« Notre pays est sans doute l’un des plus violents au monde. La violence est le pain quotidien des Américains. Elle peut jaillir à tout moment…Personne ne naît en disant « Je hais les Noirs ». C’est une idée qui s’inculque, qui se transmet. Pourquoi? » Cette question fondamentale a taraudé toute sa vie Toni Morrison et elle figure au coeur de son oeuvre. Seule femme d’origine afro-américaine à avoir obtenu le prix Nobel de littérature (c’était en 1993), Toni Morrison est née Chloe Anthony Wofford le 18 février 1931 à Lorain, dans l’Ohio. Fille d’ouvriers, descendante d’esclaves, profondément ébranlée par la ségrégation, elle a mené une carrière universitaire et a travaillé dans l’édition, contribuant, de haute lutte, à épanouir la littérature afro-américaine. Si son premier roman, L’Oeil le plus bleu, paru en 1970, ne s’est vendu qu’à 700 exemplaires, Morrison remportera 18 ans plus tard un Pullitzer pour Beloved, son plus célèbre roman. Adapté au cinéma par Jonathan Demme (avec Oprah Winfrey pour incarner son héroïne), Beloved part d’un fait divers et s’attaque à un tabou: quatre siècles d’esclavage et la vie dans un système sans pitié. Rythmé par des images d’archives (personnelles et historiques), des témoignages (dont celui de l’écrivaine disparue en 2019) et de longs extraits de ce fameux ouvrage, Toni Morrison et les fantômes de l’Amérique fait résonner une voix afro-américaine forte, singulière et importante. Un docu marqué par la persistance de l’oppression et la violence de l’injustice.

Documentaire de Claire Laborey. ****

Mercredi 4/11, 22h35, Arte.

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