Critique

[À la télé ce soir] The Devil’s Horn

Colin Stetson © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Ce documentaire raconte un instrument maudit. Un instrument dont n’ont longtemps voulu ni les églises ni les radios. Un instrument que les Allemands ont tenté de faire disparaître de la surface de la Terre.

Il aurait bu du poison, chuté dans les escaliers, mangé des clous. Reçu un fer à repasser sur la tête. Eu le crâne fendu par une tuile tombée d’un toit. Et une explosion de poudre à canon lui aurait brûlé la moitié du corps. Même ses parents le clamaient. Adolphe Sax était un vrai miraculé. Une manière de dire qu’il était en même temps un sacré poissard. C’était écrit. La guigne a collé aux basques de ses plus grands disciples, des plus talentueux saxophonistes. Destins brisés. Tourments et désespoirs. Stan Getz a été arrêté alors qu’il braquait une pharmacie pour se procurer de la morphine. Sydney Bechet a provoqué un mec en duel au pistolet, blessé trois passants et purgé un an à Paris. Quant à Wardell Gray, il a été retrouvé dans le désert la nuque brisée, le crâne fracturé et une dose mortelle d’héroïne dans le corps…

The Devil’s Horn (qu’on préférera traduire par La Corne du diable que comme Arte par L’éclat noir du saxophone) raconte un instrument maudit. Un instrument dont n’ont longtemps voulu ni les églises ni les radios. Un instrument que les Allemands ont tenté de faire disparaître de la surface de la Terre. Qu’Hollywood a même blacklisté en tant que symbole manifeste de la sexualité.

Le réalisateur Larry Weinstein commence son périple à Dinant, cette petite ville où Sax a vu le jour en 1814 à l’époque de Napoléon et de Beethoven, rejeton d’un homme qui fabriquait des trompettes et des clarinettes. Il se promène à Kansas City et s’arrête au Musée des instruments de musique de Bruxelles admirer la plus belle et riche collection de saxophones au monde.

Il rencontre surtout tous ceux qu’il faut. Le génialissime Colin Stetson (photo) qui explique qu’on pourrait faire sauter nos poumons si on essayait de l’imiter. L’incroyable saxophoniste gospel Wernard Johnson, et celui au son crado des Sonics Rob Lind. Un passionnant documentaire qui vous emmènera du jazz aux musiques tziganes en passant par le rock et les fanfares militaires. Intelligent et soufflant.

DOCUMENTAIRE DE LARRY WEINSTEIN. ***(*)

Ce dimanche 28 août à 23h10 sur Arte.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content