Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu

Dans toutes les nouvelles d’Anjali Sachdeva réunies dans ce premier recueil couronné du Chautauqua Priz, on retrouve ce goût pour l’étrangeté, pour l’acte d’un divin innommé. Dans la pièce homonyme de l’ouvrage, l’on suit le devenir de deux adolescentes nigérianes, Abike et Promise, enlevées par les troupes de Boko Haram et forcées à devenir des épouses dociles et pieuses de ces islamistes qui sèment la terreur en Afrique de l’Ouest. Mais l’emprise tourne à leur avantage quand elles se découvrent la faculté d’hypnotiser leur mari et ainsi mener leur vie de jeunes femmes comme bon leur semble. Ce pouvoir se voit mis à l’épreuve d’un délicat retour dans leurs familles respectives, car s’il permet une nouvelle liberté, il n’efface en rien les épreuves endurées. Dans Le Monde la nuit, c’est une grotte qui attire Sadie, jeune femme attendant impatiemment le retour de son mari dans sa demeure de tourbe des Grandes Plaines. En marge du monde qui se construit, elle y trouvera refuge. Qu’elles soient sirène ou puissance du désert d’Égypte, les forces ici en présence se jouent des époques et des règles naturelles sans pour autant enfreindre ces dernières totalement. Sur le ton du conte ou du récit d’aventures, l’écriture joue sur ce fil du rien n’est impossible surtout quand se joue la vie.

D’Anjali Sachdeva, éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Fournier, 288 pages.

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