Critique | Auvio

[la série de la semaine] Schitt’s Creek, à rattraper sur Auvio: pauvres riches

Schitt's Creek © FX
Nicolas Bogaerts Journaliste

Avec un nom pareil, ce n’était pas gagné. Pourtant, le succès de Schitt’s Creek a pris tout le monde par surprise.

Séance de rattrapage pour Schitt’s Creek, merveille de sitcom canadienne, diffusée depuis 2015 sur FX aux États-Unis, éteinte depuis avril 2020 après une pluie de récompenses (Golden Globe, Emmy…), et dont les trois premières saisons sont diffusées depuis octobre 2021 sur la plateforme Auvio de la RTBF.

Dan Levy, co-créateur de la série avec son père Eugene (le papa relou d’American Pie), a résumé de manière simplissime son idée fondatrice « que se passerait-il si les Kardashian perdaient du jour au lendemain toute leur fortune?« . Et c’est exactement ce qui arrive aux Rose, opulente famille de nouveaux riches de Toronto qui apprend un beau matin qu’elle est mise sur la paille par les manigances de leur bien mal intentionné gestionnaire de fortune. Johnny (Eugene Levy) est l’ancien propriétaire d’une chaîne de vidéothèques, Moira (Catherine O’Hara), son épouse, est une ex-gloire d’une série soap défunte, Sunrise Bay. Avec leurs enfants, David (Dan Levy) et Alexis (Annie Murphy), ils n’ont d’autre choix que de se réfugier dans la seule propriété qu’a bien voulu leur épargner le fisc: un bled perdu du nom de Schitt’s Creek que le paternel a offert en cadeau d’anniversaire à son fils, histoire de lui faire une bonne blague. Là où beaucoup de fictions, notamment francophones, jouent sur le décalage entre riches et pouilleux de province, au détriment de ces derniers, lestant le tout de clichés sur les bouseux, campagnards ou autres barakis, Schitt’s Creek prend le parti des gars et des nanas du coin. Elle offre un aller simple vers une comédie intelligente, impertinente, étrillant le snobisme, les certitudes esthétisantes vulgaires des possédants et laisse l’opportunité à ses personnages de s’embarquer dans une odyssée facétieuse vers l’envers du miroir non sans un certain sens du cachet.

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Un quatuor au point

Au départ très réticente à en intégrer le casting, Catherine O’Hara (Beetlejuice, Maman, j’ai raté l’avion!) sublime le personnage de Moira par ses rires, ses vocalises telluriques et son jeu en perpétuel décalage avec le comique marbré d’Eugene Levy. À mesure que la famille prend ses marques dans cet univers qui tenait du cauchemar pur et simple, les arches d’Alexis et David déploient leurs propres richesses et tirent le meilleur d’un terrain jugé hâtivement hostile. Ils offrent, entre relations LGBTQI+ complètement normalisées et apprentissages de la plus désarmante sincérité, un guide pratique pour relations saines et non toxiques. Le tout emballé dans une drôlerie parfaitement maîtrisée, bienveillante malgré les pointes acérées de la satire.

Schitt’s Creek

Une série créée par Eugene et Dan Levy. Avec Eugene Levy, Catherine O’Hara, Dan Levy. Les trois premières saisons sont disponibles sur Auvio. ****

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